Beaucoup de personnes ne bénéficient pas d’une innocence présumée

Texte lu par deux membres du Collectif Rue de la Régence lors de notre rassemblement « La Santé rue de la Loi » du 11 décembre.

Bonjour à tous,

Nous étions présentes à la manifestation de la santé en lutte du 13 septembre. A la fin de la manif, nous avons été arrêté·e·s avec une trentaine d’autres personnes. La police nous a chargée violemment alors que nous quittions la manif. Trois personnes ont reçu des coups plus importants et ont été arrêté·es judiciairement. Nous étions calmes et non-violents. La réponse de la police a été d’être sourde et agressive.

Nous avons tous été dans l’incompréhension. Quelle était la raison de notre arrestation ? Avoir manifester ? Rentrer chez soi ? Manifestant·es et passant·es, on subit ce jour-là des violences policières car ils étaient « au mauvais endroit, au mauvais moment »(1). Grâce aux témoignages postés sur les réseaux sociaux, nous sommes une quinzaine à nous être retrouvés. Nous avons porté plainte au comité P et nous avons eu la chance d’avoir un relais de notre histoire dans la presse. Aujourd’hui une suite judiciaire est donnée à nos plaintes.

Nous avons formé un groupe pour nous soutenir qui s’appelle le Collectif de la rue de la Régence. N’hésitez pas à nous rechercher sur facebook. Vous verrez que sur notre page nous avons lancé une cagnotte en collaboration avec La santé en lutte pour soutenir les trois personnes qui ont été arrêtées judiciairement et qui doivent aujourd’hui faire face à des dépenses en frais d’avocat. Nous espérons que notre histoire, tristement banale actuellement, vous restera en mémoire si un jour vous êtes confrontés à des violences policières. Partager vos histoires sur les réseaux, porter plainte au comité P et ne rester pas seuls face à ces injustices !

Nous voudrions finalement mettre en lumière un point qui nous parait essentiel. Si nous avons été médiatisé, si nos plaintes sont aujourd’hui entendues c’est en grande partie grâce à nos profils socio-economique. Nous voudrions insister sur le fait que cette chance, la plupart des personnes qui subissent des violences policières ne l’ont pas. Mon histoire a ému beaucoup de gens sur les réseaux sociaux, car je suis une jeune femme blanche d’1m60, qui travaille dans les soins de santé. Personne ne part du postulat de base que j’aurai pu être agressive en première vis à vis de la police.

Beaucoup de personnes ne bénéficient pas d’une innocence présumée. On part toujours du principe que la police est là pour nous protéger et que si ils frappent, c’est que la personne l’a bien cherché. Il faut que nous luttions contre cette vision des choses. Nous devons remettre en question les actions des policiers et les ordres qui leurs sont donnés. J’ai été confrontée, une seule après-midi de ma vie, au quotidien de ce que vivent les gens de certains quartiers stigmatisés de Bruxelles. J’espère que notre histoire pourra aider les citoyen·nes de Bruxelles à ouvrir les yeux sur les dysfonctionnement et les abus qui existent au sein de la police. »

Pour le Collectif Rue de la Régence c’est par ici https://www.papayoux-solidarite.com/…/caisse-de…

Pour soutenir les collectifs qui luttent contre les violences policières n’hésitez pas à consulter les pages de Campagne Stop Répression Justice pour Adil , Justice pour Mehdi, Justice4Mawda et bien d’autres encore.

(1) Phrase prononcée par le commissaire Vandersmissen au moment de l’arrestation