Conflits dans le secteur de la santé et naissance du mouvement « La santé en lutte »

Cet article est paru sur le site du Gresea

Plus de 7000 personnes se sont rassemblées ce dimanche à Bruxelles à l’appel de La santé en lutte. Ce collectif né en 2019 pour revendiquer « plus d’effectifs, plus de salaire, plus d’humanité » fédère des infirmièr.e.s, des sages-femmes, des brancardi.er.ère.s, des aides soignant.e.s, du personnel du service blanchisserie, de la restauration, de l’entretien ménager, des technicien.ne.s, des secrétaires, des laborantin.e.s, des ambulancièr.e.s ainsi que des pompiers et des bénéficiaires du système de santé. Retour sur la formation de ce mouvement qui n’a pas attendu l’arrivée de la pandémie pour dénoncer la « crise sanitaire ».

Article en préparation pour parution dans Iannis Gracos, « Grèves et conflictualité sociale en 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP. Il s’inscrit dans le cadre d’une étude sur les réformes de la santé en Belgique durant les dernières décennies, l’émergence du mouvement de La santé en lutte et la crise sanitaire de 2020.

Les mobilisations de 2019 s’inscrivent dans une longue histoire de réformes de la santé en Belgique qui ont conduit à une diminution drastique des moyens, ainsi qu’à une dégradation de la qualité des soins et des conditions de travail. Sur la période récente, entre 2014 et début 2019, une économie de 2,1 milliards d’euros a été budgétée dans les soins de santé [1]. C’est avec cette perspective de long terme que nous observons, au cours de l’année 2019, des conflits dans le secteur de la santé d’une ampleur rare, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif.

Dès la fin février, des grèves éclatent au CHU Brugmann. En juin, la Centrale nationale des employés et des cadres du secteur privé (CNE- CSC) lance les mardis des blouses blanches en Wallonie et à Bruxelles. Elle sera rejointe, à la fin du mois, par le Syndicat des employés, techniciens et cadres (SETCa- FGTB) et la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB). En parallèle, à Bruxelles, un front commun réunissant le secteur des administrations locales et régionales de la Centrale générale des services publics (CGSP-ALR, affilée à la FGTB), le syndicat de Services publics de la CSC (CSC-SP) et le Syndicat libéral de la fonction publique (SLFP), appelle à une grève de 24 heures, le soir du 2 juin, avec mobilisation le 3 juin.

Ces conflits se poursuivent tout au long de l’année tant du côté des institutions des soins de santé que du côté régional et fédéral (même si le mouvement n’atteint pas la Flandre). Dans ce contexte, des travailleur.euse.s du secteur public et privé de Bruxelles commencent à s’organiser et fondent La santé en lutte. Né durant l’été 2019, ce mouvement interprofessionnel et intersyndical rassemble tous les métiers et professions des institutions de soins de santé publiques et privées (syndiqués ou pas) ainsi que des patient.e.s. Le mouvement est renforcé à partir de septembre, apportant une nouvelle dynamique pour une convergence des luttes pour le droit à la santé.

Les premières mobilisations

Le premier semestre 2019 est marqué par trois conflits principaux. Il s’agit des grèves au sein du CHU Brugmann (Bruxelles), la grève et manifestation du front commun syndical du service public bruxellois et les « mardis des blouses blanches » dans le secteur privé.

Les grèves à Brugmann

Le lundi 25 février 2019, l’équipe de brancardage du CHU Brugmann entre en grève pour protester contre la diminution des effectifs. La direction vient d’annoncer la suppression de deux ETP [2], alors que depuis novembre 2018, six ETP ont déjà été supprimés. L’équipe en grève dénonce la logique « managériale » qui prévaut à l’hôpital, et qui viserait à rendre le travail plus « rentable », en augmentant la charge de travail. Soutenus par les trois syndicats (CGSP-ALR, CSC-SP et SLFP), les grévistes organisent des assemblées générales (AG) pour discuter et décider collectivement des négociations avec la direction. Une première proposition formulée par cette dernière est refusée par l’équipe qui poursuit la grève durant trois jours supplémentaires. Le temps pour la direction d’accepter le maintien des deux ETP et de s’engager à convertir deux contrats à durée déterminée (CDD) en contrats à durée indéterminée (CDI) ainsi qu’à débloquer trois CDD supplémentaires.

Le succès de ce combat encourage la mobilisation dans d’autres services. Dix jours plus tard, l’équipe des unités de soins intensifs rejoint l’appel à la grève des femmes du 8 mars. Une trentaine de travailleur.euse.s sont présent.e.s sur le piquet de grève. Une AG est organisée pour discuter et formuler des revendications. Une semaine plus tard, les travailleur.euse.s des unités de soins intensifs sont rejoints par le personnel des urgences. Des AG sont organisées pour la construction d’un cahier de revendications communes. Après une première mobilisation conjointe le 15 mars, la direction de l’hôpital propose de créer des groupes pour travailler sur les revendications. Mais, après un mois et demi de participation à ces groupes de travail, les mesures proposées par la direction restent largement insuffisantes aux yeux de la plupart de travailleur.euse.s [3]. Le mercredi 8 mai, la CGSP annonce pour les trois syndicats que le personnel des unités de soins intensifs et des urgences entrera en grève à partir du mercredi soir jusqu’au vendredi matin. La revendication principale porte sur le manque de personnel et les cadences de travail, qui ne permettent pas de fournir des soins de qualité et nuisent aux conditions de travail. Le personnel revendique également une augmentation salariale, un remboursement intégral des frais de mobilité et un meilleur accompagnement face aux risques professionnels. En face, la direction de l’hôpital se réfugie derrière le réseau IRIS en mettant en avant un sous-financement des soins de santé plus général [4]. Un argument qui, loin de décourager les travailleur.euse.s, les incitera plutôt à s’engager dans un processus d’ouverture vers d’autres hôpitaux.

Grève du front commun syndical du service public bruxellois

Dans les sites réunis sous l’association faîtière Iris [5], des conflits sociaux avaient déjà eu lieu en 2018. Dans ce contexte, les trois syndicats (CGSP-ALR, CSC-SP et SLFP) avaient déposé un cahier de revendications aux pouvoirs bruxellois en septembre2018 pour les 19 communes, les CPAS et les hôpitaux du réseau public de Bruxelles. Celles-ci incluaient une augmentation des barèmes de 10%, une politique de statutarisation massive et un allongement barémique des carrières. Le 11 octobre 2018, le personnel avait observé un arrêt de travail de deux heures [6]. Mais les négociations sont restées bloquées. En 2019, le front commun syndical dépose cette fois un préavis de grève. Le soir du 2 juin 2019, le personnel soignant et administratif des 11 sites bruxellois entame une grève. Les syndicats appellent également à un rassemblement le 3 juin devant le bâtiment d’Iris, où une réunion est prévue entre les représentants syndicaux, la direction des hôpitaux et les membres du conseil d’administration. Les revendications des syndicats sont principalement axées sur des questions salariales : ils déplorent l’abandon de la prime de fin d’année, demandent une revalorisation des barèmes d’au moins 10%, une prime de bilinguisme, un second pilier de pensions pour les contractuels et un remboursement complet des frais de transport. Ils demandent également la possibilité de mettre en place des réductions de temps de travail, un 16e jour de congé et l’engagement de personnel. En parallèle, ils dénoncent les mesures d’économies mises en œuvre par le gouvernement Michel, lesquelles auraient coûté, selon le Secrétaire régional bruxellois de la CSC Services publics, Benoît Lambotte, 15 millions d’euros aux hôpitaux du réseau Iris pour l’année 2018. Enfin, le front commun syndical déplore l’allongement des études en soins infirmiers.

La réunion du 3 juin entre les différents interlocuteurs ne permet toutefois pas de débloquer la situation. Selon Renaud Witmeur, président du réseau Iris, le syndicat doit porter ses revendications au niveau fédéral, responsable des économies subies par les hôpitaux publics bruxellois au cours des dernières années [7]. Pendant ce temps, quelque 350 travailleur.euse.s ont rejoint le rassemblement devant le bâtiment d’Iris. À cette occasion, ils, et surtout elles [8], dénoncent le travail en sous-effectif [9] : « On ne peut plus prendre en charge les patients, prendre le temps de leur parler et de les écouter, eux et leurs proches ». Le personnel témoigne d’un sentiment de « perte de sens » et « d’épuisement » par rapport à leur métier. Il regrette de devoir rendre un « service minimal », menant certain.e.s à avoir « l’impression de maltraiter les patients », voire même d’« avoir peur de tuer quelqu’un ». Sur leurs banderoles, les principaux slogans sont : « Hôpital ≠ Usine » ; « Personnel épuisé = Patient en danger » ; « Derrière les chiffres il y a des humains » ou encore « Non à la quantité. Oui à la qualité » [10].

Lors de ce rassemblement, les travailleur.euse.s des divers hôpitaux, services et métiers, décident d’organiser une AG devant le bâtiment d’Iris. Parmi les problématiques abordées, on retrouve la dégradation des conditions de travail et les gestions managériales « inhumaines », consistant à « faire toujours plus avec moins de moyens ». Est visé, entre autres, le raccourcissement de la durée de séjour à l’hôpital [11], que le personnel dénonce comme « de la chasse aux patients » ainsi que l’usage de technologies de contrôle qui intensifie le travail, le déshumanise et entraîne une surcharge administrative [12]. Enfin, les travailleur.euse.s manifestent la nécessité d’élargir la lutte. Étant donné qu’un bon nombre de leurs demandes dépasse le cadre de l’institution des soins de santé, du pouvoir régional, mais aussi des secteurs et des métiers, les travailleur.euse.s décident de rejoindre le mouvement « mardi des blouses blanches » (du secteur privé) et de créer une coordination rassemblant tout le personnel de la santé (public et privé). Une initiative qui est encouragée et soutenue par des délégué.e.s et permanent.e.s de divers syndicats ainsi que par la secrétaire de la CGSP-ALR Bruxelles. Leur but sera de former un front commun interprofessionnel et intersyndical (avec de travailleur.euse.s syndiqué.e.s et non syndiqué.e.s) pour coordonner des actions afin de créer un véritable rapport de force.

Les mardis des blouses blanches dans le secteur privé

Le 25 octobre 2017, un accord social non marchand avait été conclu entre le gouvernement fédéral (par l’intermédiaire de Maggie De Block et Kris Peeters), les syndicats d’employés (CNE, SETCa, CGSLB) et les fédérations patronales (Gibbis, Santhea, Unessa, Zorgnet-Icuro) pour le secteur privé des soins de santé. Couvrant une période de quatre ans, cet accord devait notamment permettre d’établir une nouvelle classification de fonction demandée par les syndicats, d’améliorer la reprise de l’ancienneté à l’embauche ou encore de garantir au moins trois week-ends consécutifs de vacances annuelles [13]. Ces avancées, ainsi que les contreparties obtenues en échange par les fédérations patronales et le gouvernement, devaient toutefois encore être concrétisées dans des conventions collectives. Or, le processus a rapidement buté sur le fait que les fédérations d’employeurs souhaitaient procéder par étape alors que les syndicats étaient plutôt en faveur d’un accord global [14]. En plus de ce blocage, les débats sur le budget du gouvernement fédéral faisaient quant à eux peser des incertitudes sur l’ensemble du processus. En mai 2019, le contenu de l’accord n’avait toujours pas été concrétisé.

C’est dans ce contexte que débute, le mardi 4 juin, le mouvement des blouses blanches. L’idée consiste à inviter tous les travailleur.euse.s des soins de santé privés en Wallonie et à Bruxelles à organiser chaque mardi des actions symboliques visant à dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Pour les syndicats, les principaux enjeux sont la mise en œuvre de la nouvelle classification de fonctions, la concrétisation de l’accord non marchand de 2017 ou encore les questions soulevées par la mise en place des réseaux hospitaliers. Des actions ont lieu en ce sens chaque mardi durant tout le mois de juin.

Les syndicats évoluent en ordre dispersé. La CNE organise son premier « mardi des blouses blanches » le 4 juin en Wallonie et à Bruxelles avec un appel à manifester tous les mardis du mois. De son côté, la CGSLB dépose un préavis de grève pour les hôpitaux privés bruxellois le 5 juin. Cependant, le mouvement des « mardis des blouses blanches » est largement suivi par les travailleur.euse.s et prend une ampleur médiatique considérable. Il est notamment soutenu par Siz Nursing, (association francophone des Infirmiers(e) de Soins Intensifs) ainsi que par la fédération des maisons médicales. Devant ce succès, le SETCa dépose finalement un préavis de grève pour couvrir toutes les actions à partir du 20 juin pour tous les hôpitaux de Bruxelles-Hal-Vilvorde. La CGSLB, elle, renouvelle le préavis de grève qui court à partir du 20 juin pour une durée indéterminée, mais uniquement pour les hôpitaux privés bruxellois. Le 25 juin sera ainsi le dernier mardi des blouses blanches et le premier jour des actions simultanées entre les trois syndicats du secteur privé. Si aucune grève effective n’a lieu dans le secteur privé durant le mois de juin, la CNE annonce, lors de la dernière action symbolique du mois, une réunion à la rentrée avec le SETCa et la CGSLB pour créer un front commun afin de mettre au point un plan d’action commun pour organiser « une manifestation fin septembre ainsi qu’une grève sectorielle le 24 octobre » [15].

Le mouvement de La santé en lutte

Les grèves à Brugmann, suivies de celles du réseau Iris à Bruxelles et des mardis des blouses blanches du personnel de la santé du secteur privé, attirent une certaine attention médiatique sur les conditions de travail du personnel soignant. Que ce soit dans le secteur public ou privé, de plus en plus de travailleur.euse.s témoignent devant les médias sur l’intensité des cadences, les conditions et les horaires de travail.

Comme décidé le 3 juin, des travailleur.euse.s et militant.e.s syndicaux.les (du secteur public et privé de Bruxelles) organisent une AG le 21 juin dans un local de la CGSP. Le but est de rassembler la lutte des travailleur.euse.s de la santé publique et privée en forgeant un mouvement interprofessionnel et intersyndical. Un processus peu évident et difficile à mettre en œuvre avec des structures syndicales qui organisent la défense des travailleur.euse.s selon les secteurs professionnels, avec des agendas et des priorités spécifiques.

Entre 70 et 80 travailleur.euse.s (syndiqué.e.s et non syndiqué.e.s) des centres hospitaliers de Bruxelles sont présents. Pour les hôpitaux généraux publics il y a du personnel de : CHU Brugmann, Saint Pierre, Hôpital Etterbeek-Ixelles, Hôpital Jules Bordet, Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola, Hôpital Molière Longchamp. Pour les hôpitaux généraux et spécialisés privés : Cliniques universitaires Saint-Luc, Clinique Saint-Jean, Hôpital CHIREC Delta et Centre hospitalier Jean Titeca.

L’AG est rejointe par des infirmièr.e.s, des sages-femmes, des brancardièr.e.s, des aides soignant.e.s, du personnel du service blanchisserie, de la restauration, de l’entretien ménager, des technicien.ne.s, des secrétaires, des laborantin.e.s, des ambulancièr.e.s, mais aussi des pompiers et des bénéficiaires du système de santé (notamment des gilets jaunes et le Gang des vieux en colère). L’AG a pour but de créer une coordination entre les patient.e.s et le personnel de la santé publique et privée (y compris celui des maisons de repos, les soignant.e.s à domicile…) « afin de lutter ensemble pour que la santé soit la priorité du gouvernement à venir ! » [16].

Cette première AG permet de construire la structure avec laquelle un premier noyau de travailleur.euse.s cherchera à renforcer la coordination des luttes qui se multiplient de façon éparse depuis le début du mois. Elle ne vise pas à remplacer ou à entrer en concurrence avec les syndicats, mais bien à encourager la formation d’un large front syndical, représentatif des demandes élaborées par les travailleur.euse.s. Dans cette optique, un groupe des coordinateur.rice.s est chargé d’organiser des AG où les décisions seront mises en discussion et votées collectivement (avec une voix pour chaque membre) afin d’élaborer des revendications communes, représentant les besoins de toutes et tous.

Suite à cette première réunion, deux réunions de coordination (auxquelles tout personnel soignant, organisations et bénéficiaires des soins seront invités) sont fixées à l’agenda – le 19 juillet et le 23 août – afin d’organiser la première grande AG qui aura lieu le 6 septembre pour « organiser la mobilisation générale pour une grande action en octobre » [17]. Enfin, cette réunion est aussi l’occasion de concrétiser le souhait exprimé par les travailleur.euse.s du secteur public bruxellois présent.e.s lors de l’AG organisée le 3 juin devant le bâtiment de l’association faîtière Iris : rejoindre les actions des mardis des blouses blanches. Le premier mardi débutera ainsi le 9 juillet dans les hôpitaux du réseau Iris. Durant le mois de juillet, les actions seront majoritairement menées dans les hôpitaux publics bruxellois, mais le mouvement s’élargira au retour des vacances.

Première AG : formulation des revendications et d’un plan de lutte

Après trois mois de réunions entre personnel de la santé et représentations syndicales, la coordination de La santé en lutte organise sa première AG le 13 septembre 2019 pour redéfinir des revendications communes et mettre en place un plan d’action. L’initiative est soutenue par le Front commun syndical (CGSP-ALR, CSC Services publics et SLFP, Bruxelles) qui présente un plan d’action le 9 septembre avec comme première action l’organisation de la première grande AG de La santé en lutte [18].

Une centaine de personnes sont présentes à cette AG [19] qui débute par la prise de parole d’un panel formé par une pédiatre et une infirmière des hôpitaux publics ainsi que par une patiente. Ces interventions sont suivies d’un débat sur les revendications et un plan d’action.

Les thématiques exposées par les participant.e.s de l’AG relèvent autant des problématiques institutionnelles que sectorielles ou globales. À côté des sujets déjà évoqués (sous-effectifs, pressions managériales, charges administratives…), des nouvelles thématiques apparaissent, comme par exemple, les conditions de travail des médecins résidents. La résidence dure cinq ans. Durant cette période, les résident.e.s sont considéré.e.s comme étant en formation. Ce personnel qui, comme les stagiaires infirmier.e.s, est devenu essentiel à la survie des institutions des soins de santé, ne peut donc cotiser ni pour la retraite, ni pour les allocations de chômage et perçoit des salaires beaucoup moins élevés que ceux des médecins. Avec des contrats permettant de travailler jusqu’à 72 heures par semaine, le travail des résident.e.s est de plus en plus demandé par les directions des institutions de soins de santé (il est beaucoup moins « cher » et plus flexible que celui des médecins). Les résident.e.s expriment enfin le même malaise que le reste du personnel de la santé sur les cadences de travail. La réduction du temps de consultation, en particulier, ne permet plus d’offrir une bonne qualité de soins.

L’hyperflexibilité du personnel des institutions de soins est également évoquée. Elle se traduit notamment par un glissement entre services lorsque pour aider des collègues débordé.e.s, d’autres travailleur.euse.s doivent exécuter des tâches qui ne correspondent pas à leur métier. Le glissement entre unités est aussi évoqué par une psychiatre d’un hôpital public de Bruxelles, qui explique se sentir comme un « bouche trous » qu’on place et déplace d’un service à l’autre. Elle dénonce une gestion « managériale » qui augmente le stress et l’insécurité, mais aussi les erreurs médicales, et souligne : « L’institution profite de notre solidarité. Cette solidarité doit se déplacer. Elle ne doit pas servir à nous faire subir plus de pressions, mais à nous battre contre cette pression ».

Les questions posées par les normes d’encadrement des patient.e.s sont également soulevées. Il s’agit des ratios patient.e.s/soignant.e.s minimaux imposés par la législation. Ces normes datent de 1963. Selon une infirmière d’un hôpital public de Bruxelles, elles deviennent insuffisantes au regard des transformations encourues depuis les années 1960 : l’espérance de vie a augmenté [20], ce qui implique plus de cas de polypathologie requérant des soins plus complexes. La réduction des séjours à l’hôpital nécessite également des soins plus complexes. À ceci, il faut rajouter le surcroît de travail dû à la collecte et à l’encodage des données.

Le développement des systèmes de contrôle est également évoqué. En plus des contrôles demandant de plus en plus de travail pour la collecte et l’encodage des données, une psychiatre d’un hôpital public du Borinage attire l’attention sur la multiplication des caméras remplaçant une surveillance et un contact humain. Elle constate aussi un surcroît de tâches administratives et un travail en sous-effectifs qui mène vers une polyvalence de plus en plus importante, un contact réduit avec les patient.e.s et, enfin, une perte de sens concernant son métier.

Des pompiers sont aussi présents à cette AG. Ils rappellent que les pompier.e.s centralisent les numéros d’urgences et qu’ils sont donc le premier maillon de la chaîne des services de secours. Ils constatent la même problématique que le personnel de santé : sous-effectif, accélération des cadences de travail et horaires qui changent constamment. Comme pour la santé, des statistiques cherchant à rendre le travail plus intense et donc plus rentable sont à l’ordre du jour. Le nombre de personnel engagé est décidé selon des statistiques indiquant le nombre moyen d’interventions et le temps moyen de celles-ci. Selon ces statistiques, il doit donc y avoir plus de travailleur.euse.s le jour que la nuit, car c’est en journée que se produit le plus grand nombre d’accidents. Or, les accidents de nuit sont habituellement plus graves que ceux de la journée.

Une infirmière (et ancienne déléguée syndicale) souligne quant à elle les limites d’une lutte syndicale consistant à se battre « pour notre personnel, syndiqué dans notre syndicat ; de notre hôpital et de notre service ». Loin d’améliorer le rapport de force, cela ne ferait que l’affaiblir. Cette intervention ouvre des échanges concernant les combats « locaux » (sectoriels, institutionnels) et globaux. Des représentant.e.s de la plateforme d’action Santé & Solidarité et du Syndicat européen des services publics constatent aussi une montée des luttes du personnel de la santé au niveau européen et soulignent la convergence des problématiques ainsi que des revendications portées dans les différents pays étant donné les politiques d’austérité européennes. Tous et toutes semblent être d’accord sur l’importance de chercher une convergence globale tout en continuant à renforcer la solidarité à l’intérieur de chaque service. Ceci est aussi indispensable pour créer un rapport de force sur son lieu de travail qui, en même temps, puisse protéger les travailleur.euse.s contre de potentielles intimidations de la part de la direction.

Des problématiques concernant les droits spécifiques des travailleuses sont également abordées. Des infirmières d’un hôpital public de Bruxelles soulèvent que l’écartement des infirmières enceintes n’est pas toujours respecté. Elles sont généralement transférées vers d’autres postes représentants moins de risques pour leur santé.

Selon le compte rendu (disponible sur le site web de La santé en lutte), des représentant.e.s CGSP-ALR, CSC, CNE, SETCa et BBTK SETCa BHV sont présent.e.s à cette AG. Mais, aucun.e representant.e syndical.e ne s’est exprimé.e, à l’exception de Carine Rosteleur, la secrétaire régionale CGSP-ALR. Celle-ci est intervenue pour exprimer le fort soutien de son secteur syndical au mouvement. Un soutien qui est aussi exprimé par le secrétaire général du MOC Bruxelles.

Après ces échanges, un premier cahier de revendications et un plan d’action sont présentés et votés.

Le cahier de revendications issu de l’AG du 13 septembre 2019

  • Un refinancement des soins de santé [21] avec une transparence sur l’utilisation du budget.
  • L’engagement de plus de personnel pour assurer des soins de qualité à toutes et tous.
  • Une revalorisation salariale de tous les métiers de la santé.
  • Un arrêt de la précarité des emplois.
  • Une amélioration des conditions de travail.
  • La sortie de la logique d’actes à la chaîne et le retour à une prise en charge humaine des patient.e.s dans leur globalité.
  • Une véritable politique d’attractivité pour les métiers de la santé.
  • L’association des patients et du personnel de la santé à toutes les grandes décisions concernant le secteur.
  • Une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.
  • Une révision des normes d’encadrement des patient.e.s.
  • Une véritable politique de bien-être au travail et un arrêt du management inhumain et autoritaire qui traite le personnel et les patient.e.s comme des chiffres et des statistiques.
  • Des mesures pour lutter contre les différents types de harcèlement et de discrimination (sexistes, sexuels, racistes, LGBTphobes).
  • Une diminution de l’âge de la pension.
  • Un accès à des soins de santé dignes et humains pour toutes et tous, indépendamment des origines sociales et/ou culturelles.
  • Un développement de la prise en charge et des soins de première ligne via le système des maisons médicales.
  • Un arrêt de l’hyperflexibilité forcée.
  • Une prise en considération du temps de change.
  • Une véritable protection de la maternité.
  • Un arrêt de la dynamique de marchandisation des soins.
  • Un arrêt du recours au privé via l’externalisation des services.
  • Une amélioration de l’accès aux études de soignant.e.s.
  • Un arrêt de l’utilisation des stagiaires comme main d’œuvre gratuite pour les institutions.

Plan d’action issu de l’AG du 13 septembre 2019

  • Continuer à diffuser la pétition rédigée par la coordination de La santé en lutte en août.
  • Se déclarer en lutte. Un google form sera diffusé par la coordination, afin que chacun.e puisse inscrire son unité ou son service afin de lister toutes les institutions en lutte en Belgique.
  • Poursuivre les actions des mardis des blouses blanches (rassemblements, débrayages, etc.)
  • Participer à la manifestation du non marchand le 24 octobre.
  • Organiser un rassemblement devant le cabinet du ministère de la Santé pour envoyer un message fort concernant le refinancement de la santé au futur gouvernement et maintenir la pression sur le gouvernement actuel.
  • Organiser une grande journée d’action et de grève pour le refinancement des soins de santé, en concertation avec les organisations signataires ainsi qu’avec les syndicats.
  • Organiser un meeting et une soirée de soutien le 25 octobre et une prochaine AG le 8 novembre.
  • Continuer à dénoncer les conditions de travail et de soins. Organiser des actions directes pour dénoncer et pour faire pression sur le patronat et le fédéral.
  • L’AG se clôture par la présentation du mode de fonctionnement du mouvement : une AG sera organisée tous les deux mois afin de discuter des grandes décisions qui seront votées à la majorité simple. La coordination est formée par des personnes pouvant et voulant s’impliquer davantage dans l’organisation et le suivi des décisions votées en AG.

La poursuite des actions des mardis des blouses blanches (public et privé)

En septembre 2019, le mouvement des mardis des blouses blanches mené depuis le mois de juillet par le personnel de la santé du réseau Iris est rejoint par d’autres institutions et secteurs. En effet, le 10 septembre, le front commun syndical (du secteur public bruxellois) dépose un préavis de grève et annonce des actions tous les mardis à partir du 1er octobre jusqu’au 7 novembre, journée de grève régionale du secteur pour exiger du nouveau gouvernement bruxellois (Vervoort III, installé depuis la fin juillet 2019) des avancées concernant son cahier de revendications. Des travailleur.euse.s de CPAS, le personnel de la maison de repos New Philip (institution privée, Bruxelles), l’hôpital Érasme (privé) et la Clinique Sainte-Anne Saint-Rémi (privée) rejoignent les actions des mardis.

Des actions sont également lancées suite à l’appel de la CNE au personnel des soins à domicile du Brabant wallon. En effet, un plan d’action syndical est adopté en front commun (CNE-Setca-CGSLB) en septembre, avec en ligne de mire l’organisation d’une journée d’action nationale le 24 octobre [22]. En parallèle, la CNE dépose un préavis de grève.

À Bruxelles, le 8 octobre, deuxième mardi des actions, un millier d’employé.e.s des CPAS et des hôpitaux publics de la région observent des arrêts de travail (d’une demi-heure ou d’une heure selon les établissements). Le front commun syndical revendique, notamment, une revalorisation salariale ainsi que l’engagement de personnel supplémentaire. La Secrétaire régionale CGSP-ALR, souligne une « grande disparité au niveau des salaires entre les professionnels du secteur de la santé. Un fonctionnaire d’une autre région qui réalise le même travail bénéficie d’un salaire qui est 77% plus élevé qu’un travailleur bruxellois. La revalorisation du salaire est urgente car cette criante disparité salariale entraîne un manque d’effectifs ». Les gestions managériales des directions sont également évoquées ainsi que les bas salaires de certain.e.s travailleur.euse.s des instituions des soins de santé, notamment les technicien.ne.s de surface [23].

Les actions des mardis témoigneront d’une force aussi créative qu’analytique et revendicative. Outre les demandes spécifiques à chaque secteur qui intègrent partout des questions de revalorisation, de diminution des cadences et de refinancement, certaines actions, témoignages et performances exposent également des problématiques qui dépassent le secteur, le statut ou l’institution. Par exemple, lors de la mobilisation des infirmières à domicile du Brabant wallon le 1er octobre, elles expliquent aux médias comment les politiques concernant la diminution du séjour à l’hôpital ont un impact sur leur propre travail. Cette politique entraîne en effet un surcroît de soins à domicile, avec certain.e.s patient.e.s qui ont besoin de traitements « trois ou quatre fois par jour ». Les infirmièr.e.s doivent ainsi « s’occuper d’au moins 15 à 20 patients en 5 heures » alors que « l’INAMI considère qu’il n’y a que 5 minutes de trajet entre chaque patient » [24]. Un autre exemple sera exposé dans une performance organisée le 20 septembre par les sages-femmes et le service d’urgence de l’Hôpital Saint-Pierre. Dans cette performance, on observe des accouchements « à la chaîne », avec un nombre insuffisant de sages-femmes qui, débordées, font appel à l’aide d’autres travailleur.euse.s (aide-anesthésistes, gynécologues, internes, étudiantes, entretien ménager, logistique) qui sont aussi débordé.e.s. Les sages-femmes se tournent donc vers le papa du nouveau-né, mais celui-ci s’est évanoui et doit donc être transféré aux services d’urgences, qui sont tout aussi débordés. Finalement, c’est la sœur de la femme qui accouche qui est appelée à contribuer [25].

Ces témoignages et performances montrent comment les réformes mises en œuvre durant les quatre dernières décennies ont entraîné des transformations de l’organisation du travail à l’intérieur comme à l’extérieur de l’hôpital, avec un transfert de travail du personnel le mieux rémunéré vers le moins bien rémunéré, en passant par des stagiaires, voire même par le travail gratuit des proches à la personne soignée.

Le mouvement des mardis des blouses blanches ne s’étend pas en Flandre. En outre, durant toute cette période de mobilisation, dans la plupart des secteurs ou institutions de Bruxelles et de Wallonie, des actions ne sont menées qu’un ou deux mardis. À l’exception de Brugmann et de Saint-Pierre, où le personnel mène des actions de manière plus systématique, tout en visant également à promouvoir l’appel à rejoindre le mouvement de La santé en lutte. Entretemps, la coordination développe une large campagne de communication via les réseaux sociaux (site web, Facebook, WhatsApp, Instagram et Twitter) pour encourager l’organisation sur les lieux de travail et la création de coordinations locales de travailleur.euse.s pour « s’approprier cette lutte en créant des revendications locales et globales ». Une pétition rédigée par la coordination de La santé en lutte est également lancée au mois d’août. Elle dénonce les économies budgétaires réalisées dans les soins de santé et qui s’accompagnent d’« une nouvelle politique de gestion de la santé au niveau fédéral » visant la « rentabilité », exécutée par des « directions managériales », dont la gestion s’apparente « de plus en plus à celle d’une industrie où le profit est de rigueur ». La pétition dénonce également le manque de personnel et les pressions du « corps managérial » autant sur le « personnel de la lingerie » que sur les « brancardièr·e·s en passant par les infirmièr·e·s », notamment pour accélérer les cadences. Or, les centres de soins de santé ne sont pas des « usines » et « en bout de course, il s’agit d’êtres humains ». Les patient.e.s, doivent avoir « le droit d’être soigné.e.s correctement, peu importe l’origine sociale ou culturelle » ou leur « revenu ». La pétition dénonce ainsi une médecine à deux vitesses « entre le chirurgien qui n’opère que si nous sommes en chambre privée et l’hôpital qui surfacture, entre les entreprises pharmaceutiques qui font payer leurs médicaments une fortune et le gouvernement qui supprime les remboursements ». Enfin, « rentabilité, pression financière, taux d’occupation des lits, rationalisation des soins, différenciation de qualité en fonction du payement, conditionnement du financement à la quantification des actes, etc. Le gouvernement calcule pour économiser le moindre centime sur notre santé ». Contre ce système, la pétition insiste sur l’urgence « de remettre la valeur humaine au centre des préoccupations », car le travail des soins « passe tout d’abord par du temps, un bon accueil et une bonne évaluation clinique » [26].

Grève dans les soins de santé privés

Le 8 octobre, alors que les négociations pour concrétiser les conventions collectives du non marchand sont toujours bloquées, la CNE dépose un préavis de grève pour le 24 octobre. Cet appel est rejoint plus tard par le SETCa et la CGSLB. Le 14 octobre, une réunion est organisée entre syndicats et fédérations patronales, mais elle ne permet pas de trouver une solution. Le 24 octobre, c’est donc une journée d’actions et de grève nationale qui touche le pays, en particulier Bruxelles et la Wallonie où une quarantaine d’institutions sont impactées, parmi lesquelles : le personnel du groupe hospitalier CHIREC, de l’hôpital Érasme, des cliniques universitaires Saint-Luc et de la clinique Sans Souci à Bruxelles. Une quinzaine d’établissements sont également en grève du côté de Namur : Petites Sœurs des Pauvres, Beau-Vallon ou encore CHU de Mont-Godinne, du Hainaut (Jolimont, Tivoli, GHDC…) ainsi que dans la province de Liège (CHC, Clinique Psychiatrique Notre-Dame des anges…) [27].

La manifestation souhaitée par le mouvement La santé en lutte pour le jeudi 24 octobre n’aura finalement pas lieu. Le Front commun syndical (privé) opte plutôt pour une journée d’actions avec grève, piquets ou bien assemblées sur chaque lieu de travail, sans appeler à une manifestation. Du côté du secteur public, seul le personnel de Brugmann rejoint la mobilisation en organisant un rassemblement du personnel dans les locaux de l’hôpital [28].

Le meeting de La santé en lutte : la difficile convergence

Le 25 octobre, La santé en lutte organise en collaboration avec le MOC Bruxelles un meeting à Bruxelles auquel participe une centaine de personnes. Parmi les intervenants, on retrouve : un représentant de la santé italien, deux représentants du collectif Inter-Urgences français, Evelyne Magerat (secrétaire permanente à la CNE, Bruxelles-Brabant), Muriel Di Martinelli (secrétaire fédérale CGSP-ARL) et deux représentant.e.s de La santé en lutte (privé et public) [29].

Le premier tour de table est consacré aux interventions des représentants étrangers qui présentent le développement du mouvement dans leurs pays respectifs. Puis interviennent les représentant.e.s belges (syndicaux et de La santé en lutte). Ce sera donc un meeting d’information sur les luttes en France et en Italie suivi d’un débat sur le mouvement en Belgique auquel seules des représentantes syndicales de la CGSP-ARL et de la CNE seront présentes. Si la CGSP-ARL affirmera son souhait de réunir toutes les forces en dépassant les clivages vert/rouge, nord/sud du pays, privé/public, syndicalisé/non syndicalisé ; la CNE présentera son programme de lutte (spécifique au secteur [30]) sans se prononcer sur une potentielle convergence.

Parmi la centaine de personnes présentes au meeting [31], le désir de convergence est patent. Toutefois, viser une convergence globale tout en cherchant à trouver des revendications spécifiques à même de se traduire dans des négociations collectives est une tâche fort ardue. Une base sur laquelle des négociations favorables à la fois aux travailleur.euse.s et aux patient.e.s pourraient avoir plus de chances d’aboutir concerne néanmoins les moyens attribués par le pouvoir fédéral. La santé en lutte invite donc à un rassemblement devant le cabinet de la Ministre de la Santé le 29 octobre afin de soutenir le vote de l’amendement d’une loi pour la création d’un fonds d’urgence pour les soins de santé. Plus de 200 personnes participeront à ce rassemblement le 29 octobre [32].

L’amendement d’un fonds d’urgence pour les soins de santé

Le 29 octobre, suite au dépôt d’un amendement par le PTB trois jours plus tôt, le Parlement vote la création d’un « fonds blouse blanche » de 67 millions d’euros dans le cadre des douzièmes provisoires [33]. Cet amendement avait déjà été présenté par ce même parti en juillet, mais, à l’époque, seuls le PS et le Sp.a l’avaient soutenu. Le 29 octobre, face à un mouvement qui ne faiblit pas, Ecolo, Groen et le Vlaams Belang apportent également leur soutien. L’amendement est voté par une majorité malgré le refus du MR, du VLD, du CD&V, de la N-VA et l’abstention du CDH et de DéFI [34]. Le fonds est concrétisé par un accord politique conclu en novembre qui prévoit la répartition des 67 millions pour les mois de novembre et décembre 2019, 100 millions supplémentaires pour les mois de janvier, février et mars 2020, ainsi que la pérennisation du fonds dans le cadre des négociations gouvernementales et son financement à hauteur de 400 millions d’euros par an [35].

Le front commun syndical des soins de santé privés se réjouit de ce fonds. Mais la CNE avertit du risque de détournement des moyens vers un refinancement des hôpitaux plutôt que vers l’amélioration des conditions de travail [36]. En outre, ce fonds ne règle pas le blocage concernant les conventions collectives. L’amendement est également salué par le front commun syndical du secteur public bruxellois. Celui-ci déplore toutefois qu’après trois mois au pouvoir, le nouveau gouvernement régional n’ait rien dit à propos des salaires du personnel des services publics de la région. Et ce, alors qu’entretemps, la direction des hôpitaux IRIS a confirmé en septembre qu’il n’existait pas de budget pour revaloriser les plus bas salaires. Une nouvelle grève est ainsi annoncée pour le 7 novembre [37]. La santé en lutte se réjouit également de ce premier succès tout en rappelant que la politique d’austérité des dernières années s’est traduite par plusieurs centaines de millions d’euros d’économies. Selon elle, les 67 millions « ne sauveront pas le secteur » tant que la « dynamique marchande derrière la gestion politique et managériale des soins subsiste ». Le mouvement signale en outre que cette somme doit bénéficier au « personnel de terrain » et aux « patient.e.s », plutôt qu’aux directions hospitalières. Il souligne enfin que ce fonds ne concerne que le niveau fédéral, les maisons de repos et de soins dépendant du seul niveau régional ne sont donc pas concernées, alors qu’elles ont aussi de réels besoins [38]. Autant les fronts communs syndicaux que le mouvement de La santé en lutte appellent ainsi à continuer et à renforcer le mouvement.

Au-delà des blouses blanches

Contrairement à la vision médiatique limitant le mouvement de la santé aux revendications des « blouses blanches », les actions et les revendications du mouvement dans le secteur des soins de la santé concernent aussi d’autres métiers du secteur, comme nous l’avons vu avec la première grève de l’année lancée par les brancardier.e.s.

La grève du personnel d’entretien de Brugmann

Le 5 novembre, le personnel d’entretien de Brugmann entame une grève de cinq jours durant lesquels une grande partie des travailleur.euse.s tiennent des piquets de grève et organisent des AG afin de décider collectivement des revendications et des négociations tenues avec la direction de l’hôpital. Lors de la première journée de grève, la direction reçoit une délégation pour négocier les revendications. Le personnel réclame le passage du grade E en D et l’engagement de personnel. La direction propose de présenter un projet un mois plus tard concernant une accélération de carrière afin de passer en grade D, ainsi que des propositions relatives à la surcharge de travail. Elle affirme néanmoins que ces propositions respecteront l’enveloppe budgétaire. Devant cette réponse, l’AG rétorque « ça fait longtemps qu’on demande. Qu’ils engagent et puis qu’ils fassent leurs analyses ». Elle décide donc la reconduite de la grève. Ce n’est que lors du cinquième jour de grève que le personnel parvient à un accord : la direction dispose d’un mois pour présenter une perspective d’un passage en grade D ainsi qu’une meilleure prise en compte de la charge de travail, mais, entretemps, les CDD deviennent des CDI [39].

Durant cette grève, le personnel d’entretien, fortement invisibilisé dans les débats médiatiques sur les « blouses blanches » [40], montre comment les économies dans le secteur des soins de santé ont des répercussions sur l’ensemble du personnel. L’équipe de nettoyage n’est pas seulement mal rémunérée pour ce travail essentiel, elle est aussi moins bien considérée et invisibilisée. L’invisibilisation de ce travail correspond tout autant à une division sociale que sexuelle du travail, car il a été historiquement désigné à la « ménagère » de la famille, sans aucune rémunération. La revalorisation de ce travail est revendiquée par le mouvement de grève des femmes du 8 mars avec le slogan « Si les femmes s’arrêtent le monde s’arrête ». Un slogan qui résonnera le 5 novembre à Brugmann, lorsque le personnel d’entretien affirmera « Si nous on n’est pas là, l’hôpital s’arrête ! » [41].

Le secteur public bruxellois repart en grève

Sans avancée concernant le cahier de revendications déposé au nouveau gouvernement bruxellois, le 7 novembre, le front commun syndical repart en grève [42]. Il appelle également à un rassemblement devant le cabinet du ministre-président bruxellois où les syndicats se réunissent avec le ministre-président Rudi Vervoort et le ministre en charge de la fonction publique, Bernard Clerfayt. Environ 1.000 manifestant.e.s, selon les syndicats (500, selon la police) participent au rassemblement. Le personnel de nettoyage de Brugmann est particulièrement présent à cette action qui se déroule lors de leur troisième journée de grève. Malgré cette participation et un conflit qui ne cesse de croître, il n’y aura aucune avancée concernant le cahier de revendications [43].

Grèves en Wallonie et début d’un élargissement du mouvement de La santé en lutte

Sans succès au niveau des négociations sectorielles, l’année 2019 se termine avec une victoire obtenue auprès du pouvoir fédéral (le déblocage d’un fonds d’urgence pour les services des soins de santé), mais aussi par le début de nouveaux conflits en Wallonie.

Deuxième AG de La santé en lutte

Le 8 novembre, La santé en lutte organise sa 2e AG dans la salle d’un centre culturel de Bruxelles. Trois grandes questions sont abordées. Premièrement, si la création d’un fonds d’urgence est saluée, il ne s’agit pas seulement d’une question d’argent. Pour les participant.e.s, il faut penser la santé de manière globale et donc veiller à la façon dont ce fonds sera utilisé. Deuxièmement, une tension surgit concernant les revendications portées par le front commun syndical du secteur public bruxellois lors de la grève du 7 novembre. Des sages-femmes et certain.e.s infirmier.e.s ne se sentent pas représenté.e.s par un appel dont la place aux revendications salariales est jugée trop importante. Elles se sont mises en grève par solidarité, mais les salaires ne sont pas leurs priorités. Leur problème principal ce sont les mauvaises conditions de travail et le sous-effectif. Devant cette position, les cordinateur.rice.s du mouvement soulèvent l’importance des revendications salariales pour le personnel le plus précaire qui participe aux luttes sur leur lieu de travail mais qui n’est pas présent aux AG. Suite à cette discussion, la coordination propose à l’AG de sélectionner les trois revendications les plus importantes parmi celles qui ont été élaborées à la 1re AG. Avec une minorité de personnes concernées par la question salariale [44], l’AG vote : une révision des normes d’encadrement, un refinancement des soins de santé avec une transparence sur l’utilisation du budget et un accès à des soins de santé dignes et humains pour tous et toutes. Malgré ce vote, la coordination du mouvement considère qu’il faut tout de même représenter le personnel le moins bien rémunéré. Elle présente une nouvelle formule pouvant condenser des revendications représentant les intérêts de tous les membres du mouvement avec le slogan : « Plus d’effectifs, plus de salaire, plus de qualité ». L’AG reformule et vote le nouveau slogan du mouvement : « Plus d’effectifs, plus de salaire, plus d’humanité ».

Enfin, l’AG décide également d’organiser une action symbolique en décembre à Bruxelles ainsi que de nouvelles AG à Liège et à Charleroi. L’idée est d’organiser en 2020 une AG par mois : sur trois AG, une sera organisée à Bruxelles et les deux autres à Liège (la prochaine prévue étant le 20 janvier) et à Charleroi où des travailleur.euse.s commencent à organiser le mouvement.

Des grèves en Wallonie

Les deux dernières grèves de l’année se déroulent dans les soins de santé publics de Liège et au CHR de Mons (privé). Si pour la première, les syndicats ne parviennent pas à se mettre d’accord, lors de la seconde, la grève sera appelée par un front commun syndical.

Le mardi 12 novembre, à l’appel de la CSC-SP Liège, des syndicalistes CSC des hôpitaux, des maisons de repos et de soins du secteur public de la Province de Liège sont en grève. Les militant.e.s CSC-SP distribuent des tracts devant six institutions : le CHR de Verviers, la clinique Reine Astrid à Malmedy, le CHR de la Citadelle à Liège, la résidence Les Orchidées (ISoSl) à Grivegnée, l’hôpital du Bois de l’Abbaye à Seraing et la résidence Les Prés Brion (CHR Huy) à Ben-Ahin. Avec cette action, la CSC vise à interpeller le fédéral sur la manière dont le fonds des blouses blanches sera utilisé. Le syndicat demande : une revalorisation salariale du personnel en accord avec ses responsabilités, une reconnaissance des compétences par la hiérarchie, une prise en charge du temps et des frais de formation ainsi qu’une reconnaissance comme métier pénible et un abaissement de l’âge de la pension. Il exige également « plus de mains pour plus d’humain » [45].

Au CHR de Verviers, la CGSP Admi mène également une action ce 12 novembre, mais pas en front commun. Au contraire, en désaccord avec la CSC, la CGSP vise le conseil d’administration de l’hôpital pour exiger le respect du protocole concernant le payement de la prime de fin d’année. En juin 2019, l’hôpital a payé la prime de fin d’année 2018 à raison de 80%. Pour atteindre les 100%, elle y a ajouté les 20% de la prime 2019, pourcentage non lié aux bénéfices. La CGSP Admi sollicite depuis juillet une concertation avec la direction afin de trouver une solution pour solder la prime 2019. Mais la concertation lui est refusée. Le soir du 12 novembre, 80 affilié.e.s CGSP se rassemblent à l’entrée du conseil d’administration pour faire entendre leurs voix. On leur refuse à nouveau le payement au motif qu’il aurait bien été avancé en juin [46]. De leur côté, la CSC-SP et le SLFP estiment que l’accord signé avec la direction est respecté. La CGSP (majoritaire au CHR Verviers) appelle à la grève le 26 novembre. Ce jour-là, plus de 300 affiliés CGSP font grève. Le CHR fonctionne comme un dimanche, en services réduits. Mais la direction reste ferme sur sa décision. La CGSP appelle donc à une nouvelle grève, le 12 décembre, à la veille d’une concertation officielle. Cette fois, plus de 350 affilié.e.s de la CGSP se croisent les bras. L’hôpital tourne donc à nouveau au ralenti. La CSC et le SLFP négocient quant à eux un nouveau protocole avec la direction pour 2020-2022. Les syndicats proposent notamment une augmentation de la valeur du chèque repas, un éco-chèque de 40 euros et une prime de 400 euros liée à la présence du travailleur tout au long de l’année. Une négociation inacceptable pour Stephan Cormanne, détaché syndical CGSP – CHRV, pour qui : « ce n’est pas en rapport avec les valeurs d’un service public ». En effet, ces avantages ne comptent pas pour la pension, « Et une prime liée à la présence, c’est inacceptable. Imaginez, une femme enceinte, ce n’est pas une maladie, et bien, elle n’y aurait pas droit vu son repos d’accouchement » [47]. Malgré le rejet de la CGSP, le 19 décembre, le protocole 2020-2022 est approuvé avec la signature de la CSC et de la SLFP.

Du côté des soins de santé privés, la tension monte au CHR de Mons devant la perte d’avantages extralégaux annoncée par le plan de relance du groupe hospitalier, dans la perspective de la fusion avec Jolimon, prévue le 1er janvier 2020. Devant cette proposition d’harmonisation à la baisse des conditions de travail entre les deux centres, le front commun syndical (CNE et SETCa) appelle à une grève de deux heures le 4 et le 5 décembre. Les syndicats protestent notamment contre l’intention de supprimer des éco-chèques de 250€ par an, ainsi que contre la réduction d’une prime pour les prestations de nuit et de week-end [48]. Finalement, un accord est conclu : la direction propose une réduction de 16% de la prime pour le travail de week-end et la suppression de 100€ (et non plus de 250€) pour les éco-chèques. Le protocole 2020-2022 est signé en février 2020 par le front commun syndical [49].

Conclusion

À Bruxelles et en Wallonie, le secteur des soins de santé a été fortement secoué tout au long de l’année 2019 par une diversité de conflits au cours desquels les travailleur.euse.s ont commencé à forger des liens de solidarité, des stratégies et des revendicationscommunes. À Bruxelles, ce processus a donné naissance au mouvement de La santé en lutte. Un mouvement caractérisé par une organisation démocratique, interprofessionnelle et intersyndicale.
Les négociations syndicales du secteur public bruxellois et du secteur privé n’ont pas été débloquées en 2019. Cependant, la mobilisation des travailleur.euse.s a permis d’obtenir un premier acquis : un fonds de 67 millions d’euros pour la fin de l’année et de 400 millions d’euros pour 2020. Le mouvement ne s’arrêtera pas là. Les syndicats annoncent la poursuite des conflits sectoriels en 2020 et La santé en lutte prépare l’élargissement du mouvement dans d’autres villes et régions en annonçant l’organisation de ses deux premières AG de l’année à Liège et à Charleroi.

Pour clôturer cette année de lutte, le mouvement La santé en lutte a organisé une action surprise le 21 décembre. Il a investi la crèche de Noël installée sur la Grand-Place de Bruxelles avec calicots, banderoles et slogans pour dénoncer les conditions de travail, les bas salaires et la détérioration de la qualité des soins. Une action symbolique condensant les revendications d’un processus de convergences des luttes qui ne font que commencer pour « Plus d’effectifs, plus de salaire et plus d’humanité ! » afin de ne pas se retrouver « à soigner sur la paille » [50]. Si par leur mobilisation, les travailleur.euse.s ont obtenu une première victoire, le mouvement pour un changement structurel de la politique des soins de santé ne fait qu’émerger. Et il deviendra crucial à l’heure de confronter la crise sanitaire de 2020 dont les responsables politiques ne pourront plus dire qu’ils n’auront pas été avertis.

Pour citer cet article : Natalia Hirtz, « Conflits dans le secteur de la santé et naissance du mouvement « La santé en lutte » », Gresea, septembre 2020, article disponible à l’adresse https://gresea.be/Conflits-dans-le-secteur-de-la-sante-et-naissance-du-mouvement-La-sante-en

NOTES

[1] Selon les calculs de la mutualité Solidaris, La Libre Belgique, 12/3/2019.
[2] Bx1, 27/2/ 2019.
[3] Communiqué de la CGSP CHU Brugmann. La Libre Belgique, 8/5/2019.
[4] Bx1, 8/5/ 2019.
[5] En 1995, un arrêté de la Région de Bruxelles-Capitale organise la loi sur les Centres publics d’action sociale (CPAS) et donne naissance à l’association faîtière Iris, coalisant les hôpitaux publics dépendants de CPAS exsangues : Le CHU Saint-Pierre, le CHU Brugmann, l’hôpital des enfants Reine Fabiola, l’Institut Bordet, les Hôpitaux Iris Sud (Baron Lambert, Etterbeek-Ixelles, Bracops et Molière-Longchamp).
[6La Dernière Heure, 11/10/2018.
[7Le Soir, 3/6/2019 et Le guide Social, 5/6/2019.
[8] Le personnel hospitalier est largement féminin. Les infirmier.e.s (91,8% des femmes) et les aides-soignants (91,1% des femmes) représentent 51% des ETP au sein des hôpitaux généraux de Belgique. Vient ensuite le personnel administratif (17% du personnel, parmi lequel 90,8% sont des femmes). [Sources : Direction générale Soins de Santé, 2019, op. cit. et Statbel, Chiffres 2019, Métiers principalement féminins ou masculins].
[9] Le nombre de séjours à l’hôpital a augmenté de 9,6% entre 2010 et 2017 (et de 13,9% entre 2008 et 2017) alors que le nombre d’équivalents temps-plein (ETP) n’a crû que de 5,6% entre 2010 et 2017. Et parmi ces ETP, ceux concernant le personnel soignant (infirmier.e.s et aides-soignants) n’ont augmenté que de 4,1%. [Sources : Direction générale Soins de Santé, « Données phares dans les soins de santé. Hôpitaux généraux », Service Public Fédéral, Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, 2019 ; Service Public Fédéral, « Evolution du nombre d’ETP payés : hôpitaux généraux y compris les hôpitaux académiques ». Cf. site Internet du Service Public Fédéral, Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement : www.health.belgium.be/fr].
[10] Vews – RTBF, playlist Histoires belges, 4/6/2019 ; Bx1, 3/4/2019.
[11] Entre 2006 et 2017, la durée moyenne de séjour au sein des hôpitaux généraux a diminué d’un jour, passant de 6,9 jours en 2006 à 5,6 jours en 2017. Cf. site Internet du Service Public Fédéral, Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement : www.health.belgium.be/fr.
[12] Voir vidéo de l’AG publié sur la page Facebook du Collectif Hôpital en Résistance en date du 3/6/2019.
[13] CNE, « NM : Un accord social fédéral a été signé ! », 2017. https://www.lacsc.be.
[14] Le Spécialiste. L’actualité des médecins spécialistes, 24/10/2019.
[15La Libre Belgique, 25/6/2019.
[16] Communiqué de la Coordination de la santé en lutte, 22/6/2019. Page Facebook La santé en lutte.
[17Ibidem.
[18La Libre Belgique, 10/9/2019.
[19] Les organisations et institutions présentes sont : CHU Brugmann ; Cliniques universitaires Saint-Luc
CHU Saint-Pierre ; Érasme ; Hôpital Ambroise Paré ; Sint Maria Halle Ziekenhuis ; Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola ; Cliniques Saint-Jean ;CHC Saint-Joseph Liège ; CHU Bordet ; Centre hospitalier psychiatrique du Chêne aux Haies ; Résidence Wiart 126 ; CPAS d’Ixelles ; CPAS Uccle ; MR MRS Maison de repos et de soins ; Maison Médicale Tournesol ; Maison Médicale La Clé ; École secondaire de Molenbeek Service santé mentale et éducation permanente ; SIAMU 112 ; GSK ; FEF Fédération des étudiants francophones ; ISEI Institut supérieur de l’enseignement infirmier ; Gilets Jaunes ; Les équipes populaires ; MOC Bruxelles Mouvement Ouvrier Chrétien ; Médecine pour le peuple ; Syndicat européen des services publics EPSU ; CGSP ALR ; CSC ; CNE ; SETCa ; et BBTK SETCa BHV.
[20] Elle est de 70,5 ans et 1963 et de 81,60 ans en 2018 (données de la Banque mondiale).
[21] C’est-à-dire de tous les acteurs et actrices de la santé : maison de repos, maison médicale, centre PMS, hôpitaux, CPAS, soins à domicile, etc.
[22] RTBF, 9/9/2019.
[23] Guide social, 10/10/2019.
[24] RTL, 2/10/2019.
[25] Vidéo « Le mardi des blouses blanches à Saint-Pierre », ZinTv, PVLS — Permanence vidéo des luttes sociales. Mis en ligne le 10/7/2019.
[26] Pétition de La santé en lutte, août 2019.
[27] Le guide social, 23/10/2019.
[28] Le guide social, 25/10/2019.
[29] Le programme du meeting annonçait également l’intervention d’un.e représentant.e de la CSC-SP. Mais cette intervention n’a pas eu lieu. Le SETCa et le syndicat libéral seront également absents.
[30] Evelyne Magerat présente l’agenda et les objectifs de la CNE. La première étape consiste à concrétiser les accords non marchands sous forme de conventions collectives. Une fois les conventions concrétisées, la CNE procèdera à mobiliser son secteur pour revendiquer la transparence du budget des institutions des soins de santé privés pour exiger une augmentation du « pouvoir d’achat » des travailleur.euse.s. Une fois ces combats acquis, la CNE pourra passer à une troisième phase : faire pression sur le futur gouvernement contre le démantèlement de la sécurité sociale.
[31] Notamment des travailleur.euse.s de la santé publique et privée majoritairement de Bruxelles, mais aussi certaines personnes de Liège ; des étudiant.e.s en médecine et en soins infirmiers (le collectif Etudiant.e.s Infis ARCA) ; des gilets jaunes ; des militantes féministes (Collecti.e.f 8 maars et Rosa) ; des militant.e.s des partis révolutionnaires et des travailleur.euse.s des CPAS.
[32] Le guide social, 29/10/2019.
[33La Libre Belgique, 31/10/2019.
[34Le Soir 26/10/2019.
[35] Bx1, 20/11/2019 et L’Écho 1/11/2019.
[36L’Écho, 21/11/2019.
[37RTBF, 6/11/2019.
[38] Communiqué de La santé en lutte 1/11/2019. Cf. site internet de La santé en lutte : https://lasanteenlutte.org/
[39] Vidéo « Grève du nettoyage au CHU Brugmann », », ZinTv, PVLS -Permanence vidéo des luttes sociales.
[40] Durant tout le conflit des « blouses blanches », les médias ont publié une grande masse de témoignages dont le personnel infirmier est surreprésenté. D’autres professionnels de la santé (comme les sages-femmes et les logopèdes) auront également une place dans ces témoignages. Par contre, aides-soignants, personnel du nettoyage, de cuisine ou brancardiers n’auront pas de reportage.
[41] Vidéo « Grève du nettoyage au CHU Brugmann », ZinTv, PVLS -Permanence vidéo des luttes sociales.
[42] Bx1, 6/11/2019.
[43La Dernière Heure, 8/11/2019.
[44] Les partcipant.e.s à l’AG sont majoritairement des infirmier.e.s (des institutions publiques et privées, mais aussi des indépendant.e.s travaillant à domicile), des sages-femmes, des étudiant.e.s et des patient.e.s (notamment des militant.e.s).
[45Le Soir, 12/11/2019.
[46] Vedia, 13/11/2019 et 9/12/2019.
[47] Vedia 9/12/2019.
[48] RTBF, 4/12/2019.
[49] TéléMB, 7/2/2020.
[50] Le Soir, 21/12/2019.