COVID-19 : ÉTAT DE LA SITUATION AU 3 AVRIL 2020


Voici notre communiqué de la semaine. Tout au long de la crise du Covid-19 nous vous proposons de revenir régulièrement sur les différents évènements qui marquent la pandémie en Belgique. Prime, sortie de crise et démission, voici le sommaire de ce communiqué.

· Sur la prime unique de 1450€.

Aujourd’hui, le gouvernement nous annonce une prime unique de 1450€ pour « les médecins, les infirmières, les pharmaciens et tous les autres prestataires de soins dans les hôpitaux » (de Tijd, 3 avril 2020).

Tout d’abord, qu’entendent-ils par « les autres prestataires de soins dans les hôpitaux » ? Le personnel de l’entretien ménager qui nettoie les isolements covid ? Le personnel des cuisines qui traitent la vaisselle potentiellement contaminée ? Les brancardièr·e·s qui transportent les patient·e·s covid ? Ou encore la lingerie qui traite les blouses souillées ?

Ensuite, que veut dire « dans les hôpitaux » ? Le personnel de l’extra hospitalier n’est pas concerné ? Les maisons de repos, le domicile, la psychiatrie, etc. ? Ils et elles soignent également des patient.e.s covid+.

A quoi sert donc cette prime ? Alors que nous réclamons une revalorisation salariale structurelle depuis des années, ce gouvernement libéral propose des primes uniques : « coronabonus » (ministre des finances Alexander De Croo, Open VLD). Un bonus pour nous faire accepter plus facilement d’aller au front sans armes ? Un petit plus pour que nous acceptions de risquer notre santé et celle de notre entourage ?

A quoi sert donc cette prime si ce n’est à nous encourager à nous donner corps et âme face au Coronavirus sans prendre en compte notre santé ? Nous voyons bien ici l’intérêt de motiver les troupes dans une gestion globale calamiteuse. A défaut de nous donner le matériel et les effectifs nécessaires, à défaut d’avoir anticipé quoi que ce soit (« petite grippette », Maggie De Block, février 2020), le gouvernement nous fait une tape dans le dos et nous file un billet.

A quoi sert donc cette prime alors que nous réclamons à corps et à cri du matériel ? Cette prime est la preuve de leur incapacité à gérer la crise. Incapable de prévoir, d’anticiper, de palier, de gérer, de fournir le matériel nécessaire, le gouvernement nous lance quelques euros à la figure en espérant nous calmer et nous faire accepter la situation. Incapable de gérer l’épidémie, l’Etat casse la tirelire pour faire semblant de faire quelque chose. En effet, cette prime serait « une des mesures décidées par le gouvernement Wilmès pour lutter contre le coronavirus et son impact » (de Tijd, 3 avril 2020). En quoi cette prime lutte contre le coronavirus et son impact ? Cette prime va-t-elle sauver des vies ? Faire apparaître des blouses et des masques ?

A quoi sert donc cette prime, si ce n’est à créer de la division entre soignant·es et non soignant·es. ? Si ce n’est à créer de la division entre le secteur hospitalier et extrahospitalier ? Ceci est inadmissible, nous avons besoin de toutes et tous les travailleurs et les travailleuses pour faire fonctionner et ravitailler les institutions de soins. Nous avons besoin de tout le monde pour faire fonctionner les maisons de repos, les soins à domicile, etc. Devons-nous rappeler les risques que prend le personnel de nettoyage en ce moment par exemple ? Devenons-nous rappeler que nos maisons de repos sont fortement exposées au covid19 ?

Cette prime est un incitant libéral à nous donner sans limite juste parce que nous serions payé·e·s pour le faire, au même titre que la prime prévue par le Ministère des finances pour les entreprises. De plus, alors que nous plaidons pour un renforcement du commun, des services publics, des soins de santé ; l’Etat offre cette prime avec des exonérations d’impôt pour les employeurs. En effet, ces réformes permettront aux employeurs « d’accorder aux salariés une prime de 1 000 euros, sans avoir à payer d’impôts ou de cotisations de sécurité sociale » (de Tijd, 3 avril 2020). Incroyable et révoltant.

· Sur la gestion de la crise.

Voilà maintenant des semaines que nous sommes confiné·e·s. Enfin, pas toutes et tous, beaucoup d’entreprises tournent encore alors que leur secteur n’est pas essentiel ; soit, intérêt financier oblige, dirons-nous…

D’autres ne sont pas confiné·e·s, et prennent des risques pour leur santé, car leur présence au travail est indispensable au fonctionnement de la société : caissièr·e·s, conducteur·trice·s, nettoyeur·euse·s, soignant·e·s, personnel logistique, éboueur·euse·s, etc. Des métiers, par ailleurs, très souvent mal payés, assez dévalorisés, alors qu’ils sont, nous révèle la crise, essentiels !

Ce confinement porte ces effets, nous dit le gouvernement. Effectivement, la courbe des morts se tasse… « Les mesures prises ont permis de diminuer le nombre de nouvelles infections et nous nous orientons vers une situation plus stable », explique l’épidémiologiste Emmanuel André (rtbf info, 3 avril 2020).

Malgré l’optimisme que peuvent nous apporter ces résultats, nous nous questionnons. Comment allons-nous sortir du confinement ? Alors que nous n’avons aucune idée du nombre de personnes porteuses saines dans la population, puisqu’elle n’est pas systématiquement testée. Alors que nous savons que nous n’avons pas le matériel pour protéger les personnes qui devraient retourner au travail. Alors que nous voyons actuellement en Chine, où un confinement drastique a été appliqué, que le dé-confinement est très problématique et amène un regain de l’épidémie. Comment le gouvernement Wilmès va « déconfiner » sans masques et sans tests ?

· Sur la démission de Maggie De Block.

Nous avons vu et soutenu différents appels à la démission de la Ministre de la Santé. Il est évident que sa gestion de la crise est cauchemardesque, mais nous voudrions rappeler ici qu’elle n’est pas la seule à porter et défendre les thèses libérales dans sa politique. Rappelons que depuis les années 70’/80’ des attaques systématiques de la part des différents gouvernements ont affaibli notre sécurité sociale et le budget de santé.

Plus que Maggie De Block, l’austérité est notre ennemie. Maggie De Block n’est que la porte-parole de ces mesures d’austérité et de marchandisation de la santé. Si un jour elle en venait à démissionner, nous avons bien peur que son ou sa remplaçant·e ne prenne le relais des mêmes stratégies de sape. Ne croyons pas qu’avec le départ de la Ministre partiront les volontés de marchandisation du secteur. La pensée néolibérale fait partie de la gestion de l’Etat depuis des décennies, elle était là avant Maggie et sera là encore après. Ne pensons pas qu’avec le départ de la Ministre de la Santé les beaux jours reviendront.

Restons vigileant·e·s, continuons de défendre une santé juste et solidaire, des conditions de travail dignes, une revalorisation des salaires, une augmentation des effectifs.

Pour + de salaire, + d’effectifs, + d’humanité

La santé (toujours) en lutte !