Madame Wilmès, sachez que vos messages empathiques ne nous émeuvent pas. Au contraire, votre cynisme ne fait qu’approfondir notre colère.
Nous sommes en colère car vous balayez vos responsabilités sous le tapis des circonstances « épidémiques ». Or, vous, votre famille politique et les différents gouvernements depuis des décennies, êtes intimement responsables des difficultés que nous connaissons actuellement dans nos institutions de soins.
Pour ne parler que du manque de matériel, nous vous rappelons que les politiques néolibérales, que vous avez toujours défendues, ont eu raison de la capacité de production des industries en Belgique au profit de la délocalisation. La recherche de main d’œuvre bon marché qui fait suite aux besoins insatiables de profit des grandes entreprises nous aura poussé dans cette situation catastrophique.
En effet, aujourd’hui, la Belgique est devenue incapable de prévoir et de produire, en quantité suffisante, des équipements de protections. Nous sommes entièrement devenus dépendants du marché. Celui-ci, en période de crise sanitaire, s’effondre, menaçant notre survie. Quitter le marché et les politiques libérales n’est donc pas une opinion politique mais une nécessité vitale.
Ce manque de matériel n’est pas seulement le résultat de la conjoncture « épidémique ». Ce manque de matériel est aussi, et surtout, le fruit d’années de gestion à flux tendu des hôpitaux qui, pour des raisons économiques, ne conservent aucun stock d’urgence.
Vous et vos semblables interprétez le matériel en stock comme du « capital qui dort », il vous est dès lors impensable que l’on investisse pour se préparer au pire. Tel est aujourd’hui la mentalité et le type de gestion que vous avez imposés à nos hôpitaux.
Cette mentalité, vous l’avez implantée sans états d’âme. Marchandiser a été votre mot d’ordre. Vendre notre service public aux investisseurs privés qui ne cherchent qu’à tirer profits de la maladie nous a montré où se trouve réellement votre empathie : dans le porte-monnaie des grandes entreprises et des actionnaires.
Pour marchandiser et ouvrir notre secteur aux investisseurs, vous n’avez pas hésité à nous appauvrir, à détruire nos services publics, à créer le besoin. Ce sont bien là vos actions, lorsque vous étiez ministre du Budget en imposant 900 millions d’économies dans les soins de santé ! Vous faites mine de ne pas vous en souvenir, nous n’avons pas oublié !
Cette gestion austéritaire des budgets publics a d’ailleurs eu raison du stock de masques fédéral, parti en fumée, brulé par votre dévouée ministre de la santé et amie, Madame Maggie De Block.
Cela fait des années que nous alertons sur nos conditions de travail, que nous croulons sous des charges intenables, que nous sommes en manque d’effectif et mal payé·e·s,… Aujourd’hui, ce ne sont pas vos messages de compassion qui nous calmerons !
Arrêtez de vous adresser à nous, main sur le cœur, pour nous dire que vous nous soutenez, que vous nous comprenez. Ce cynisme cache en réalité votre profonde responsabilité. Viendra le jour de rendre des comptes. Nous serons présents et en nombre !
Pour + de salaire, + d’effectifs, + d’humanité
La santé (toujours) en lutte !
Merci à Manu Scordia pour son dessin !