Depuis des mois, cet hôpital force les étudiants en médecine à travailler gratuitement !

« Je suis étudiante en dernière année de médecine, et je suis actuellement en stage à l’hôpital Brugmann. Depuis des mois, cet hôpital force les étudiants en médecine en stage à réaliser du bénévolat sans lien avec leur formation dans les centres d’encodage covid.

Bénévolement

Pendant la première vague de covid, nous avons été des centaines d’étudiants en médecine à nous engager bénévolement dans les hôpitaux ou les maison de repos, en apportant une aide précieuse, malgré les risques pour nous et pour nos proches.

Puis la première vague est passée, et nous avons pu retourner à notre formation, qui a beaucoup souffert du covid : les stages à temps plein, ponctués d’examens, qui constituent nos dernières années d’études. Tous les hôpitaux ont convenu que le temps de la mobilisation était passée… ou presque, car certains hôpitaux ont pris goût à notre travail gratuit.

C’est le cas de l’hôpital Brugmann, qui, depuis la première vague, nous force à réaliser gratuitement des tâches administratives pendant nos horaires de stages.

Juste après la première vague, lorsque les stages ont repris, des étudiants ont été forcés de passer plusieurs semaines à travailler à l’encodage covid, week-end compris. On leur a dit que cela faisait partie intégrante de leur stage, sous-entendant que leur stage ne serait pas validé s’ils refusaient. Peu importe que l’examen final sanctionnant le stage ne porte pas exactement sur l’encodage covid…

Certains étudiants, refusant de céder à ce chantage, ont finalement décidé d’arrêter leur stage, qui a été reporté à l’année suivante…

Purement administratif

Un peu plus tard, Brugmann a commencé à demander une aide plus ponctuelle pour l’encodage covid, notamment pour les centres de testing fédéraux. Il s’agit de travail purement administratif, qui pourrait être réalisé par du personnel sans aucune compétence médicale ; d’ailleurs nous travaillons aux côtés de secrétaires et d’étudiants intérimaires (qui eux sont bien entendu payés).

En principe cette aide journalière se fait sur base de volontariat, via une liste remplie par les étudiants. Mais ce « volontariat » est loin de toujours être volontaire… quand il manque quelqu’un pour l’encodage du lendemain, un étudiant au hasard reçoit un coup de fil de la part du chef de sa clinique, lui signifiant qu’il a été désigné volontaire et qu’il est attendu en centre de testing covid le lendemain.

Peu importe qu’il soit attendu dans son service de stage, qu’il ait des séminaires importants pour sa formation, ou qu’il n’ait tout simplement pas envie de travailler gratuitement : il est désigné volontaire. Et qui oserait s’opposer à son chef de clinique ?

A Brugmann, notre apprentissage passe clairement après le profit de l’hôpital : pourquoi engager du personnel pour faire un travail qui peut être fait gratuitement par des étudiants en médecine ?

Aujourd’hui, ce bénévolat forcé est étendu à la prise en charge des urgences covid, à Horta et à Brien. Les postes doivent être remplis chaque jour, et la plupart du temps ils le sont. Mais si ce n’est pas le cas, un « volontaire » est à nouveau désigné de force…

Exploiter par ce bénévolat forcé

Il est très clair que notre volontariat gratuit est maintenant considéré comme acquis par l’hôpital, qui nous exploite en nous forçant à travailler gratuitement au lieu de nous permettre de suivre notre formation.

Nous sommes de futurs médecins, encore idéalistes et prêts à nous engager dans la lutte contre le covid. Nous avons beaucoup donné durant la première vague, et beaucoup d’entre nous sommes prêts à donner encore. Malgré les risques pour nous et nos proches, malgré le fait que nous devions gérer à la fois l’urgence sanitaire et nos obligations d’étudiants (stages, mémoires, examens qui sont bien entendu maintenus…), malgré le manque de reconnaissance.

Mais si nous donnons, nous voulons le faire volontairement. Il est inacceptable que l’hôpital puisse continuer de nous exploiter par ce bénévolat forcé, au détriment de notre formation.

Aucune urgence sanitaire ne justifie un travail forcé et non rémunéré! »