GRÈVE SANITAIRE ET DROIT DE RETRAIT

Mettre en œuvre notre protection collective

Cela fait des années que nous, travailleurs et travailleuses de la santé, alertons sur le manque de moyens rendant notre mission difficile à réaliser, nos conditions de travail pénibles, et transformant les institutions de soin en lieux de violence institutionnelle.
La dégradation structurelle du système de santé publique nous a amené à vivre la catastrophe sanitaire que l’on a connu lors de la première vague de l’épidémie du coronavirus, dédoublée par des manquements coupables et une communication aberrante. Nous avons ainsi battu de bien tristes records.

Nous voilà aujourd’hui dans une situation sanitaire plus grave encore. En effet, le nombre de personnes contaminées augmente de façon très importante sans que des mesures adéquates soient prises, ni pour diminuer les contaminations ni pour améliorer les capacités de prise en charge (avec par dessus le marché un appel indécent au bénévolat pour pallier ces manquements). Le flux de patient·e·s ne cesse de s’accroître et force les autorités à parler d’hôpitaux de campagne, de répartition nationale des malades, de transferts internationaux, mais aucunes mesures réalistes n’est prise pour diminuer de manière importante les nouvelles infections qui sont la cause première de l’engorgement.

Absence de réalisme sanitaire

Cette absence de réalisme sanitaire est dû à un biais morbide évident, celui du libéralisme qui préfère privilégier les intérêts financier d’une minorité en maintenant l’activité économique non essentiel au détriment de l’intérêt général. Face à cette situation gravissime il nous faut toutes et tous réagir ! En effet, nous, travailleur.euses de la santé, sommes très inquiets de l’évolution de l’épidémie, de la saturation de nos services et des choix que nous sommes amené.es à faire. Nous sommes également parent, ami.e, frère, sœur, fils, fille, et dans la crainte que nos proches soient touché.es.

Par conséquent, puisque les autorités nous ont mis dans ce pétrin et ne font pas le nécessaire pour nous en sortir, nous appelons la population à une prise en main collective de notre sécurité à toutes et à tous !

Nous rappelons

  • A ce que chacun et chacune de nous prenions soin de respecter les gestes de protection mutuelle (distance de sécurité, masque et bonne aération dans les lieux clos et à l’extérieur lorsqu’il y a du monde).
  • A ce que les personnes ayant des symptômes ou présentant un risque de contamination puisse respecter une mise en quarantaine, cela nécessite bien sûr une garantie sur le maintien des revenus pour ne pas remplacer un danger vital par un autre.
  • A veiller aussi sur notre santé mentale en maintenant les contacts avec nos proches tout en veillant aux risques de contamination.
  • Pour les personnes qui ne peuvent se mettre en télétravail à se protéger et à protéger les collègues en s’assurant que les mesures de protection adéquates sont prévues par l’employeur.
  • Si ce n’est pas le cas à exercer son droit à la protection et à la santé et donc à exercer son droit de retrait en informant par écrit le service du contrôle au bien être et en restant en disponibilité pour préserver le droit au salaire. Le droit de retrait trouve sa source, en droit belge, dans l’article I.2-26 du Code du bien-être au travail (CBE)5. Cet article prévoit qu’« un travailleur qui, en cas de danger grave et immédiat et qui ne peut être évité, s’éloigne de son poste de travail ou d’une zone dangereuse ne peut en subir aucun préjudice et doit être protégé contre toutes conséquences dommageables et injustifiées (1) ».
  • A collectivement s’organiser et se mettre en grève pour imposer l’arrêt des secteurs non essentiel ou pour faire pression sur les employeurs qui ne respectent par la santé de leur travailleur.euses ;
  • à consigner par écrit des manquements vis à vis de leur sécurité en précisant le lieu la date l’heure et les personnes responsables de façon à constituer une trace pour d’éventuelles suites.

Face à la mise en danger sanitaire de la population nous devons nous organiser, assurer un financement des services de santé et diminuer les infections. Usons de la lutte, du droit de retrait, de la grève, des moyens à notre disposition, pour assurer notre sécurité sanitaire !

(1) https://droit-public.ulb.ac.be/…/Carnet-de-crise-20-CDP…

Sources complémentaires sur le droit de retrait : https://droit-public.ulb.ac.be/cahier-de-crise-19-du-23…/