Je suis témoin de la fatigue de mes collègues

Texte de La santé en lutte lu le 11 décembre à notre rassemblement

Une fois de plus, je suis dans la rue, masquée, convaincue, à la fois en colère et heureuse de pouvoir être là.

En effet, je suis témoin de la fatigue de mes collègues, j’en vois certains tomber malade, craquer, pleurer, revenir puis repartir, tout en culpabilisant de manquer à l’appel, de faire défaut, de pas convenir, de laisser l’équipe…

Je vois des gens ne plus savoir que faire, ne plus savoir qui écouter, ni comment suivre des conseils incohérents, faute de moyens humains et logistiques.

La système les a, nous a, pressé comme des citrons, vidé de notre jus, fatigué jusqu’à l’épuisement total et en plus de ça il nous fait croire que c’est de notre faute.

La pandémie est arrivée alors que déjà nous ne pouvions, faute de moyens, donner des soins de qualité. Que l’austérité avait déjà imposé le sous effectif partout et que les conditions de travail éprouvantes causaient une pénurie de personnel soignant.

La marchandisation des soins et le démantèlement de la sécurité sociale, orchestré depuis des années, mettent l’entièreté de la population en danger et maintenant on nous vend des mesurettes, pensant nous en mettre plein la vue ?

Ce n’est pas de ça que nous avons besoin!

Nous demandons

Aujourd’hui nous demandons de réels changements, des mesures concrètes, structurelles et durables.

Nous avons besoin de renforcer le secteur de la santé, de lutter contre la pénurie de personnel. Vous, les gourvernants, répondez par un encouragement au volontariat et l’exploitation des étudiant.es! Mauvaise réponse ! Exploiter la bonne volonté des gens et les jeunes en apprentissage au lieu d’engager, c’est ça que vous proposer? Ce que vous faites c’est créer une concurrence entre nous et le travail gratuit des volontaires ! Car il y a des postes à pourvoir ! Il faut permettre des engagements et sortir des contrats précaires ; CDD, intérims, temps partiels imposés, fausses-indépendantes (que nous ne connaissons que trop).

Nous avons besoin de temps pour mettre de l’humain dans les soins. A cela vous répondez par la loi de délégation des soins. Mauvaise réponse : cette délégation est une mesure inadaptée qui montre à quel point vous ne savez pas de quoi vous parlez, qui montre tout le mépris que vous avez pour le personnel soignant. Vous considérez nos métiers comme des listes de tâches interchangeable et vous ignorer notre professionnalité !

Refinancement structurel

Nous avons besoin d’un refinancement structurel de la santé et d’une réelle reconnaissance de nos métiers, vous répondez par des primes auxquelles tout le monde n’a même pas droit. Là encore c’est une mauvaise réponse : c’est d’une revalorisation salariale pour tous les métiers du secteur que nous demandons. Des aides logistiques en maison de repos, aux étudiantes qui font du faux bénévolat. Des infis à domicile à celles aux soins intensifs. Des accueillantes de planning familial au cuisines de l’hôpital.

Ces moyens que nous demandons sont nécessaire pour garantir l’accès à des soins de qualité pour tout le monde.

Nous avons aussi besoin d’une véritable politique de prévention. Vous avez construit un système de santé sur le curatif plutôt que le préventif. Ce système avec le financement à l’acte favorise la consommation des soins. Aujourd’hui il pousse à garder une population malade qui consomme des médicaments au lieu de prévenir les maladies. Il faut refinancer la première ligne : soins à domicile, maisons médicales, les mécanismes de prévention ! Il faut agir sur les déterminants de la santé comme le logement, le salaire, l’alimentation,… et avoir une vision à long terme.

Enfin, nous avons besoin de mesures sanitaires solidaires. Il faut arrêter la culpabilisation individuelle, arrêter de marteler que l’on se contamine surtout dans les activités sociales alors que sur de nombreux lieux de travail les mesures sanitaires ne sont pas appliquées. Actuellement des personnes travaillent cachées par manque d’aides sociales.

Combattons l’austérité

Nous questionnons votre couvre-feu qui exclut les plus démunis et rend criminel le simple fait d’être là la nuit. Pourquoi ?

Vos mesures « sanitaires » ressemblent bien plus à une assignation à résidence généralisée, pour celles et ceux qui en ont une… Elles favorisent l’isolement, renforcent la précarité et l’exclusion. Leurs conséquences psychologiques et sociales sont visibles tout autour de nous. Nous avons besoin de mesures sanitaires solidaires et non sécuritaires. L’auto-défense sanitaire et la prise en main collective de la santé est une nécessité. Remettre en question les mesures qui excluent les plus démuni·es, c’est aussi soigner.

La vie et la santé de la population sont en jeu. Si nous n’attaquons pas la source du problème, chaque nouvelle « crise » nous fera revivre le même cauchemar.

Parce que LE CAPITAL TUE LA SANTÉ, nous COMBATTONS L’AUSTÉRITÉ. ✊

L’argent dépasse l’humain

Nous ne sommes pas seules à faire les frais de ce système où l’argent dépasse l’humain, où la matraque dépasse le soin.

Nous pensons aux autres personnes concernées par des oppressions systémiques ou oubliées qui parleront juste après : aux femmes, aux personnes LGBTQIAP+, aux personnes noires ou racisées, aux personnes sdf, sans-abris, mal-logées, et/ou sans-papiers. Nous pensons aux travailleuses et travailleurs du sexe, à celles et ceux de l’horeca, des milieux festifs, de la culture ou du commerce nocturne.

Nous pensons aux personnes qui ont vu leurs soins annulés, repoussés, qui ont vu leur santé physique et mentale se dégrader, aux personnes décédées.

Et pour finir nous pensons à toutes les luttes en Belgique et ailleurs qui se voient interdire le droit de manifester et se font attaquer, arrêter et poursuivre en justice.

Si vous, les gouvernants, n’écoutez pas le personnel de terrain, si vous n’écoutez pas les usagers et usagères, nous nous organiserons, nous crierons plus fort et nous reviendrons pour l’acte 2 de la Grande Manifestation de la Santé et nous ferons grève au printemps.

VIVE LA SANTÉ EN LUTTE

Aujourd’hui, nous sommes déterminés à changer la logique et à lutter contre ce monde marchand ! Et nous ne nous arrêterons que lorsque nous obtiendrons ce qui devrait être la norme : un financement pérenne des soins de santé et sa gestion partagées !

Notre lutte est destinée à la victoire parce qu’elle nous concerne toutes et tous, parce qu’elle est juste et parce qu’elle est belle !

Nous appelons toutes les personnes qui le souhaitent à nous rejoindre pour renforcer le combat !

La santé en lutte est un mouvement démocratique, solidaire et déterminé.

Rejoignez-nous pour préparer la suite !

VIVE LA LUTTE DE LA SANTE !

VIVE LA SANTE EN LUTTE !