Résidence Porte de Hal en lutte : « Un bénévole jugé trop critique n’a plus le droit de rentrer dans la maison, une décision prise sans aucune explication. »

Il y a trois mois, quelques travailleur·ses de la maison de repos « Résidence Porte de Hal » nous ont contacté pour témoigner de la situation dramatique sur leur lieu de travail avec l’envie de faire changer les choses.

A la suite de plusieurs tractages devant la maison de repos, nous avons pu élargir le groupe et nous avons récolté de nombreux nouveaux témoignages décrivant tous sans exception le climat de terreur imposé par la direction. Ces premières rencontres nous ont permis de créer des liens de solidarité et de commencer à nous organiser pour lutter.

La santé en lutte soutient de manière active la lutte des travailleur·ses de la Résidence Porte de Hal car une attaque contre l’un·e est une attaque contre tou·tes. C’est à travers l’organisation et la lutte que nous créerons le rapport de force nécessaire à la victoire !

TÉMOIGNAGE N°6 : « Un bénévole jugé trop critique n’a plus le droit de rentrer dans la maison, une décision prise sans aucune explication. »

« J’ai été bénévole longtemps à la Résidence Porte de Hal. L’ambiance avait toujours été formidable, nous étions une maison réputée. C’était un lieu où on respectait les personnes, une grande attention était donnée à la qualité des soins. La maison avait un impact très positif sur les personnes et l’établissement était recommandé par les médecins. Il y avait une liste d’attente qui durait des mois pour avoir une place. La situation a complètement changé aujourd’hui.

L’arrivée d’une nouvelle direction a profondément changé la situation. Les soins ont commencé à être minutés. La structure de la maison, faite pour s’adapter aux besoins particuliers des personnes, a été ‘simplifiée.’ De plus en plus de services ont été externalisés. Les horaires du personnel changeaient à la dernière minute.

Révélant ce manque d’attention aux soins, au début de la pandémie, il n’y avait aucun matériel de protection. Les salariés achetaient leur propre matériel et beaucoup sont tombés malades. 18 résidents sont décédés en 2 mois, normalement il y a deux ou trois décès par mois. La direction a réagi très tard.

Le dialogue avec la direction était impossible et les prises de décision de plus en plus opaques. Quand les travailleurs questionnaient les changements, la réponse était toujours la même : si vous n’êtes pas contents, partez. Certaines personnes jugées trop critiques ont reçu des avertissements de la directrice, avec la menace d’un licenciement sans préavis ni indemnités. D’autres ont été licenciées, et la direction n’a pas hésité à payer de lourdes indemnités pour licencier une représentante syndicale. Dans le même temps, la direction poussait pour lancer des nouveaux types de service plus lucratifs. Beaucoup de travailleurs ont commencé à partir suite à l’instauration de ce climat de peur.

Le nombre de résidents a chuté énormément, des 150 lits, moins de 100 sont occupés aujourd’hui. Ce n’est pas à cause du coronavirus, car ce n’est pas le cas d’autres résidences. Si il y a un objectif derrière cette diminution, que la direction le dise clairement !

Les plaintes des familles et des bénévoles sont aussi ignorées. Des familles ont eu un entretien avec la directrice pour lui faire part de leur mécontentement, la directrice recevait les gens tout en compulsant un dossier, manifestement pas intéressée par ce que disaient les familles. Les plaintes à la direction restaient sans suite, sans réponse ni de la direction, ni du CA. Un bénévole jugé trop critique n’a plus le droit de rentrer dans la maison, une décision prise sans aucune explication. Je sais aussi que des membres du conseil d’administration de la Philanthropie ont été poussés à la démission, car ils critiquaient la gestion du conseil. »