Soutien au Dispensaire Social Metropolitain Helliniko à Athènes

Nous, La santé en lutte, venons d’apprendre que le Dispensaire Social Metropolitain Helliniko (MKIE) à Athènes est à nouveau menacé d’expulsion au profit du plus grand projet de privatisation d’un front maritime urbain en Europe. « Helliniko SA » exige, en effet, par ultimatum fixé au 13/03/2020 au plus tard que le dispensaire quitte les locaux qui leur avaient été accordés par la municipalité d’Helliniko-Argyropolis depuis décembre 2011.

C’est la deuxième fois que le dispensaire est menacé. Lors de la première tentative d’expulsion, l’indignation des patient·e·s et de nombreu·se·x citoyen·ne·s avait permis une large mobilisation en Grèce et à l’étranger. Cette mobilisation avait fait reculé « Helliniko SA ». Le gouvernement grec de l’époque avait déclaré que le dispensaire pourrait continuer de fonctionner à son emplacement d’origine au moins jusqu’à ce que l’on trouve un autre endroit convenant à son but et facile d’accès pour les patient·e·s. Cette fois, le délai très bref vise sans doute à empêcher la construction d’une mobilisation solide. C’est ce que nous voulons contrer.

« La santé en lutte » qui a été fondée à la suite de l’appel du personnel des hôpitaux publics bruxellois en lutte pour des conditions de travail dignes et des soins de santé de qualité pour toutes et tous se bat aujourd’hui pour une amélioration de la prise en charge des patient·e·s et de leur entourage, dans le respect de la dignité humaine et aussi pour les travailleuses et travailleurs des soins de santé. Cela nous lie de façon privilégiée aux dispensaires sociaux grecs dont nous comprenons le rôle et les difficultés de travail. C’est pourquoi nous voulons vous exprimer notre soutien total face à cette grave menace.

Nous comprenons que l’expulsion dans ce délai si court aurait pour effet de faire jeter des milliers de boîtes de médicaments, de lait maternisé… Cela alors même que le dispensaire fournit des médicaments non seulement aux patient·e·s qui s’y rendent mais aussi aux maisons de soins, aux centres d’accueil de réfugiés et de migrant·e·s et même à des institutions et à des hôpitaux publics, tant ces médicaments manquent sur le marché grec. Cette expulsion détruirait aussi un cabinet dentaire opérationnel, un cabinet de cardiologie opérationnel, tous deux équipés avec du matériel et des fournitures provenant de dons nombreux. Les bénévoles qui travaillent au dispensaire, des médecins, des pharmacien·ne·s, des travailleurs et des travailleuses des soins de santé consacrent au dispensaire des heures de leur temps libre. L’expulsion les empêcherait de continuer leur travail de solidarité.

Sachant que depuis des années, la situation qui se développe en Grèce préfigure ce qui se passe chez nous aujourd’hui, nous nous sentons solidaires de ces dispensaires. Nous nous rappelons que depuis sa fondation, en 2011, le dispensaire auto-géré a donné des soins gratuits à plus de 8000 personnes réparties sur plus de 72000 visites, une moyenne de 1500 soins par mois avec un pic au plus fort de la crise en 2014-2015. Et cela continue aujourd’hui alors que la Grèce est soi-disant sortie de tutelle financière, 450 à 500 personnes bénéficient encore chaque mois de soins au dispensaire. Une grande partie des grec·que·s se trouvent en effet encore exclus d’une couverture sociale. Le dispensaire Helliniko est le plus grand et s’il n’est pas le seul dispensaire en Grèce actuellement, tous travaillent à la limite de leur capacité. S’il ferme, les patient·e·s ne sauront vers où se tourner.

En conclusion:
Nous répétons notre soutien au MKIE dans sa juste revendication de pouvoir continuer son travail sur le lieu qu’il occupe maintenant, un lieu connu des patient·e·s, facile d’accès et où de nombreux aménagements ont permis de constituer une infrastructure très efficace.

Nous répétons notre soutien au MKIE dans sa vision de ce qu’est une politique de santé juste. Si ce type de dispensaire est actuellement indispensable, le but n’est pas de les rendre pérennes mais d’arriver à ce que la politique globale redonne aux services publics la place qu’ils doivent avoir dans le système des soins de santé. Ces dispensaires luttent aussi contre ce dysfonctionnement.

En cela, nos luttes se rejoignent.  

La santé en lutte, travailleur·euse·s de la santé et patient·e·s unis.