Je suis logopède et j’existe

« Je suis logopède et j’existe.
Je ne soigne pas les pieds. Je ne « joue » pas avec les enfants. Je ne soigne pas que les troubles articulatoires « cheveu sur la langue ». Mes séances ne consistent pas à faire répéter /a/, /i/, /o/.

Je suis logopède et ma profession n’est jamais reprise dans la catégorie des paramédicaux de première ligne pour avoir accès au matériel de protection. Je ne peux pas dispenser des soins sans protection. Je dois arrêter des suivis urgents, de maladies neurodégénératives, de troubles chroniques, par manque de protection.

Lorsque je souhaite en référer aux recommandations des instances officielles de santé, je vois que ma profession n’apparaît nulle part. Nous n’apparaissons pas dans les médias, nous ne sommes pas repris·e·s par les sites de santé publique. Pendant que nous sommes en première ligne, en train de rééduquer les patient·e·s extubé·e·s, l’opinion publique pense que nous jouons avec les enfants.
Je suis logopède et je me sens oubliée, comme tant d’autres professionnel·le·s, dans cette crise du COVID-19. Le personnel d’entretien, le personnel de cuisine, le personnel soignant, le personnel paramédical, le personnel de la morgue, le personnel administratif, le personnel logistique et tant d’autres acteurs oubliés ou négligés.

Je me sens oubliée aujourd’hui mais j’espère, demain, avoir une meilleure reconnaissance. »

Fanny, Logopède. Mon métier c’est aussi de délier les langues et de parler haut et fort.