Réquisitionnés
« Je suis étudiante infirmière en 2ème année et je fais partie des élèves qui sont réquisitionnés pour aller à l’hôpital.
Je ne suis pas opposée à rendre service, à être solidaire envers le personnel soignant etc… Quand on choisit d’être infirmier, on est rarement égoïste… On donne mais on ne reçoit pas des masses.
Et, j’ai bien conscience qu’il y a un manque de personnel important. Qu’ils sont surchargés, que beaucoup doivent venir travailler même en étant positif au covid. Ils font une croix sur leur vie personnelle et sur leur santé (marrant de ne pas être en santé quand son métier est de prendre soin de la santé des autres),…
Bien sûr, les étudiants peuvent venir en renfort, pour aider autant que leurs compétences et leur disponibilité le permettent (car il ne faut pas oublier que l’on reste des étudiants. Si nous étions aussi compétent que le personnel diplômé, ça n’aurait pas de sens. Et par conséquent, en tant qu’étudiant, nous avons aussi des responsabilités par rapport à nos cours, nos stages,…)
Sous pression
Ajouté à cela, il ne faut pas oublier que la solidarité, ça doit être consenti. À la place, nous sommes mis sous pression. Personne ne nous demande notre avis, et si on essaye d’en émettre un, on nous rappelle que si on refuse, on va avoir un déficit dans nos heures de stages. Ce qui signifie qu’on ne sera pas diplômé.
J’appellerai ça du chantage plus que de la solidarité.
Pour illustrer un peu pourquoi je pense tout ceci, voici ce qui m’est arrivé cette semaine :
J’avais un stage qui était déjà prévu, à ma demande, où mon horaire était déjà confirmé pour récupérer des jours de stages pendant la semaine de congés de Toussaint (car l’année passée on nous empêchait de prester tout notre stage à cause de la pandémie. Mais attention, cette année nous devons récupérer ces jours. Ça ne pose plus de problèmes de partir prester 100% de nos stages)
Après cette semaine de récupération, je devais partir en stage 3 semaines (car nous avons un intervalle de 3 semaines de cours/3 semaines de stages durant l’année scolaire)
Deux jours avant le début de mon stage, on m’a téléphoné pour me dire que ce n’était plus d’actualité et que j’étais réquisitionnée pour aller dans un autre service.
Récupérations
On m’a alors dit que mes jours de récupérations n’étaient plus pris en compte, que ce n’était pas possible d’en avoir pour « ne pas surcharger les équipes ». Tant pis pour mon année, je récupérerai plus tard, mon rôle là est de soulager le personnel face à la surcharge de travail.
En bonus, on m’étale mon stage sur ma semaine de repos sans me demander mon avis.
Donc, parce que j’étais d’accord d’avoir une semaine de stage en plus pour RÉCUPÉRER des heures, je suis forcément d’accord qu’on m’étale des jours de travail pour le plaisir, sur mes vacances scolaires ?
Pourquoi
Vacances scolaires non pas utilisées pour sortir faire la fête comme certains aiment le dire, mais pour me reposer afin d’être en forme pour aller en stage et pour remettre mes cours en ordre. Il faut savoir aussi qu’à cause de la pandémie les profs ne voient que 75% de la matière avec nous, le reste doit être vu seul. Cette remarque non pas pour me plaindre mais pour rappeler que nous sommes ÉTUDIANTS et que nous avons donc des responsabilités face à ce statut, pour la réussite de notre année.
Et si les étudiants surchargent les équipes, pourquoi est-ce qu’on a besoin de nous ? Pourquoi sommes nous réquisitionnés ? Pourquoi est-ce qu’on ne m’annule pas ma semaine de récup pour me laisser une semaine de congés (comme prévu dans le calendrier scolaire) dans ce cas ?
Je dois soulager le personnel soignant ? Ce n’est pas ma fonction de base. Mon rôle est avant tout, en tant qu’étudiante, de construire ma vie future. De réussir mes études. Et si je le peux, de donner un coup de main par des petits gestes, comme tous « bons » citoyens.
Quand je pose des questions pour connaître le pourquoi de tout ces changements brutaux, on ne me réponds rien mis à part « merci pour votre adaptabilité ».
Quand je contactes d’autres étudiants de mon année, certains ont leurs congés, certains ont leur semaine de récupération, d’autres sont dans mon cas et puis il reste ceux à qui on a retiré tout le stage sans raisons.
Cela signifie bien que certains n’ont pas de stages (déficit d’heures pour eux aussi) et d’autres se voient annuler le leur pour aller ailleurs…
Il n’y a aucune logique dans les mesures prises.
Les étudiants ont des obligations, mais n’ont aucun droit, aucune protection de leur statut.
Que de la main d’œuvre
Au même titre que mes camarades, je ne suis que de la main d’œuvre. Nous ne sommes pas traités comme des étudiants qui doivent être encadrés par une équipe de soignants afin de développer nos compétences.
Nous sommes traités comme des petits esclaves dont l’état /l’école/ une partie du personnel étant malveillant aurait droit de disposer comme bon lui semble sous prétexte que nous avons choisi de faire infirmier ?
Choisir un métier ne veut pas dire que nous devons être traité inhumainement.
Beaucoup de personnes trouve les injustices normales à force d’être baignées dedans. Mais je pense qu’il faut savoir dire quand ça ne va pas pour tenter de viser une amélioration de la situation.
En ce moment, le gouvernement veut que nous soyons solidaires, alors, nous aidons mais nous ne sommes certainement pas aidés en retour par le gouvernement (et le personnel encore moins).
Si nous avons le covid pendant le stage ? Il faudra soit aller en stage et ne rien dire quitte à mettre la santé des gens en danger (oui on peut aller travailler en étant positif), soit rester chez nous et être en déficit d’heures de stages… Pire, développer une forme sévère de la maladie avec répercussion sur notre santé.
épuisé
Il nous suffit de prester nos stages plus tard vous aller me dire ? Comme si 4 ans a la place de 3 ce n’était pas déjà du temps perdu. En plus ça coûte une année d’étude ! Comme si nous avions le temps nécessaire pour re-prester les stages (1 semaines de congés de Toussaint sur l’année. Le reste, c’est soit cours/soit stage/soit blocus). Partons du principes qu’on réussit tout nos cours avec cette cadences, on a 2 mois de congés en été. Mais pour la plupart des étudiants (branches confondues), il y a une deuxième session.
Il y a de quoi être épuisé. Alors quand les camarades me parlent de changer d’études, me disent qu’ils sont déjà sous anxiolytiques à 20 ans à peine, qu’ils sont stressés/dorment mal/… Je me demande pourquoi les études sont aussi néfastes pour notre santé.
Et si pour les étudiants dans le paramédical, je ne vois aucun but à part la volonté de garder les étudiants encore plus longtemps pour avoir de la mains d’œuvre gratuite.
On comprend vite pourquoi ce sont des métiers en pénurie…
Courages à tous les étudiants confondus, et au personnel soignants, et à chaque personne qui lit ceci ! »