violences policières (1)

« Il fait beau pour cette manif’. C’est enfin l’occasion de rendre concret notre soutien au monde médical et mettre en lumière des revendications de refinancement déjà présentes avant le COVID.

J’y rejoint deux copines. J’y vais avec mon fils d’un an, en porte-bébé. C’est sa première manif’

L’énergie est forte, belle, solidaire, tranquille. L’espace étant limité, les gens commencent à se disperser après deux heures à peine. Certain∙e∙s écoutent vaguement les discours de clôture devant le Mont des Art, nous on fait une petite pause sur les marches pour le goûter de bébé avant de retourner à nos vies.

D’un coup, des gens courent à côté de nous. « Attention, la police ». Ha bon ? Je range rapidement les affaires et on constate que la police commençait à nous encercler… Pourquoi ? Pourtant l’ambiance était tranquille, la manifestation autorisée, nous respections des règles de distance physique… On ne comprend pas. Et je ne cherche pas à comprendre, je crois que c’est inutile et je suis avec mon bébé, tout ce qui compte c’est qu’il aille bien. On arrive à se frayer un passage pour remonter, avant que la police n’encercle les quelques personnes restantes.

Arrivées place Royale, on est un peu secouées, on se dit qu’on va terminer le gouter dans le Parc, se poser. Impossible, un barrage de police en bloque l’accès. Bon, on continue, c’est pas grave, on passera rue de Namur. On oublie le gouter, bébé commence à fatiguer. Un barrage nous empêche également de passer par là. Il ne reste que la rue de la régence. On ne comprend pas bien ces barrages qui bloquent la circulation, le passage des transports en commun, des piétons. La manif s’est terminée plus bas pourtant et rien n’indiquent des troubles dans ce quartier ? Tout le monde marche tranquillement.

Sur notre trottoir, on y croise le commissaire Vandersmissen

Je le reconnais car il ne porte pas de masque. Il serait en vérification d’identité de deux personnes mais il a surtout l’air d’attendre. Nous ralentissons pour voir si tout se passe dans les règles. C’est triste, mais on n’a pas confiance en notre police. Une personne lui demande pourquoi il arrête ces deux personnes. Il lui répond, en criant : « je ne les arrête pas, je vérifie leur identité, d’ailleurs, je vais faire de même avec vous ». Il se met également à crier sur des gens du trottoir d’en face qui regardaient. Et puis ça s’est calmé. Tout le monde allait continuer son chemin sur cette intimidation. Je crois que ça ne lui a pas plu, les réactions n’était pas assez fortes à son gout ? Il a gazé, à quelques centimètres du visage, une des deux personnes arrêtées. Devant mes yeux. QUOI ?! Cette personne n’avait rien dit. Rien fait. Elle n’a même pas réagi au gaz. Il l’a fait en étant de côté, pas devant. Pour qu’on le voit bien ? Pour faire réagir ? En tout cas, devant cette injustice, ça a fonctionné. Les protestations se sont fait entendre et je jure avoir vu un sourire de satisfaction sur son visage.

Moi, je m’en vais. Mon sentiment de justice me dit que je devrais rester, poser des questions, filmer. Mais déjà (déjà ?!) un cordon de policier commence à bloquer la rue de la régence, toute personne se trouvant dans ce tronçon se retrouve bloquée et pressée. Je ne veux pas rester là avec mon fils, pas lui. Après un échec auprès d’un policier, un autre me laisse sortir, attendri devant bébé.

On s’éloigne, mais pas trop

On voit un mec et puis une femme se faire frapper. Pas « calmer ». Frapper. C’est autorisé, ça ? Une personne pleure devant cette violence. Qu’est-ce que je fais ? Qui appeler quand c’est la police qu’on dénonce ? Surtout mettre mon fils à l’abri. C’est comme ça que ça fonctionne, la peur ? Une ambulance arrive, très rapidement (si rapidement ?!).

Au loin encore, j’entends le commissaire qui vocifère pour disperser la foule, interdit de filmer en faisant référence à un certain article de loi, rappelle les règles de « distanciation sociale ». Pourtant, les gens arrêté∙e∙s sont tou∙te∙s agglutiné∙e∙s les un∙e∙s sur les autres.
Finalement je m’en vais. Bébé dort contre moi. Comment a-t-il fait pour s’endormir ?

J’ai du mal à croire que c’est réel, pourtant ce n’est pas la première fois. En Belgique. Et ça m’hallucine. complètement. J’ai peur car c’est devenu banal. Ça ne peut pas devenir banal. C’est de la violence policière. »

Bilan provisoire de Street-Medic Brussels sur les violences policières d’hier


« Six blessé.es graves hospitalisé.es, une centaine de manifestant.es gazé.es dont une grenade lacrymo lancée, plusieurs arrestations sans motifs (dont trois judiciaires), mais « tout s’est passé dans le calme selon la police » 🤦

#ManifSanté

–> Une plaie grave à la tête (matraque)
–> Deux doigts fracturés
–> Deux doigts fracturés encore
–> Côtes cassées
–> Deux personnes qui ont pris des coups de bottines renforcées dans les tibias »