Récapitulons, nous le savons depuis plus d’un mois
maintenant, lorsqu’un pays est submergé par des cas de Covid-19 sévères, il
commence à sélectionner ceux et celles qui sont soigné·e·s de ceux et celles qu’il
laisse mourir.
Cette sélection est le résultat de plusieurs paramètres, dont deux majeurs :
les chances de survie
du malade, et le matériel disponible pour soigner (les fameux respirateurs).
Alors, même s’il est difficile, voire abominable, de faire cette « sélection », nous
comprenons qu’il faille privilégier les malades qui ont le plus de chance de survivre. Ces malades, ce sont en général les individus
les plus jeunes. En
sommes, Il
y a une véritable
sélection en fonction de l’âge.
Cette sélection est donc le résultat d’un système de soin complétement engorgé par les cas de Covid-19, qui n’a d’autre choix que de trier. Toutefois, cette situation n’est pas (encore) celle de la Belgique, rappelons-le.
Pourtant, aujourd’hui, le gouvernement, via ses directives de distribution de masques, propose bel et bien une sélection en fonction de l’âge, et cela à la source !
Explication :
Nous savons que les premières barrières face au virus sont la distanciation sociale ET l’hygiène. Nous savons également que le personnel de santé n’est pas confiné, il se rend au travail, il va soigner dans les maisons de repos, les hôpitaux, à domicile, et il peut être vecteur du Covid-19. Nous savons que nous pouvons être porteur sain du Covid-19, donc vecteur sans les symptômes d’alerte. Nous savons aussi que le personnel, lors des soins, ne peut respecter la distanciation sociale avec les personnes âgées ou les patient·e·s. Nous savons enfin que le masque chirurgical permet d’éviter qu’une personne infectée, porteuse saine ou pas, n’en infecte une autre.
Voilà dans quelles conditions se situent les très lourdes recommandations du gouvernement. Selon lui, le personnel extra hospitalier qui travaille en maison de repos ne doit porter de masque chirurgical que « pour les patients COVID-19 suspects ou confirmés »[1]. C’est à dire que dans l’ensemble des maisons de repos de Belgique, aujourd’hui, le gouvernement interdit tout port de masque de manière préventive. Les soignant·e·s sur le terrain nous rapportent d’ailleurs qu’effectivement, certaines directions d’établissement retirent les masques chirurgicaux qu’elles avaient pourtant mis à disposition du personnel.
Dès lors, il est évident qu’une contagion massive aura bien lieu, dans ces maisons de repos où le personnel va et vient, sans pouvoir protéger les résident·e·s d’une éventuelle contamination. Ce qui fait dire à la fédération des maisons de repos : « L’épidémie se répand. Rien qu’à Bruxelles et en Wallonie, ce sont 60.000 personnes âgées qui y résident et 40.000 membres de personnel qui y travaillent. Si les visites des proches des résidents ont été interdites, les 40.000 membres de personnel rentrent évidemment chez eux après le travail. Ils ont tous une famille. C’est donc une bombe à retardement qui risque d’exploser à très brève échéance »[2]. Nous risquons donc fortement de voir arriver dans les hôpitaux, en provenance des maisons de repos, une quantité de personnes âgées souffrant d’une forme sévère du Covid-19.
C’est ici qu’intervient la Société Belge de Gérontologie et de Gériatrie, qui préconise de ne pas hospitaliser les personnes qui n’ont pas de chance de survie et pour qui seuls des soins palliatifs sont envisageables[3]. Elle recommande également de fournir ses soins palliatifs en maisons de repos.
En conclusion, les mesures restrictives du port du masque par le gouvernement renforcent de manière importante le risque de contamination dans les établissements pour personnes âgées et met également en danger le personnel qui s’en occupe. Les personnes âgées sont clairement susceptibles de développer une forme sévère du Covid-19. De plus, une hospitalisation sera régulièrement refusée sous prétexte de l’âge et des chances de survie. En définitive, les maisons de repos vont se transformer en mouroir. Notons, en plus, qu’il y a de fortes chances que les personnes âgées ne soient même pas dépistées, puisque non hospitalisées, et ne rentreront donc pas dans les statistiques.
C’est ce constat terrible qui nous fait dire que le gouvernement, par ses
recommandations, impose une sélection « à la source ». Il ne donne pas aux
soignants la possibilité de soigner sans risquer de contaminer, et envoie une
partie de la population vers une mort certaine.
[1] https://epidemio.wiv-isp.be/ID/Documents/Covid19/COVID-19_RMG_Brief_MondMaskers_FR.pdf
[2] https://www.lesoir.be/289904/article/2020-03-25/coronavirus-la-federation-des-maisons-de-repos-tire-la-sonnette-dalarme
[3] https://www.lespecialiste.be/fr/actualites/les-residents-de-maisons-de-repos-infectes-et-affaiblis-ne-sont-pas-hospitalises.html?fbclid=IwAR12jNmmeEI26kM2YrPbdkVLHQFO-EYV3rrxdUwadZmCdaQNYCA6qXE6bVA#.XnnDs8Rqar4.facebook