Poursuivre le combat, une nécessité !

État des lieux des avancées sociales pour le secteur.

Voici un petit état des lieux non exhaustif des avancées sociales dans le secteur des soins de santé et du chemin encore à parcourir ! Ainsi, même si sur le terrain nous ne voyons pas toujours l’incarnation des victoires obtenues et que nous pouvons être critique quant aux avancées, force est de constater que les différents combats dans les soins de santé, passés et actuels, ont donné des résultats !

Premièrement, l’application petit à petit du fond des blouses blanches, 400 millions d’euros consacrés à de l’engagement au chevet des patient·es. Le Fond Blouses Blanches offre une réelle augmentation des effectifs dans les hôpitaux. Cette avancée est le résultat des mobilisations du printemps et de l’automne 2019. Le rapport de force avec l’État était alors créé grâce aux différentes grèves et manifestations. Plus d’un an après c’est donc là : 400 millions sur base annuelle pour l’emploi ! Nous pourrions néanmoins regretter que ces augmentations d’effectifs ne concernent pas les autres métiers de l’hôpital, tout aussi en souffrance et essentiels, mais considérés moins proche des patient·e·s (entretien ménager, personnel de la lingerie, brancardage, etc.).

De plus, nous sommes amenés à pondérer cet enthousiasme car dans le même temps nous apprenons que certaines institutions de soins envisagent d’utiliser ce fonds pour éponger leurs dettes au lieu d’engager du personnel, ce qui pose la question du contrôle démocratique sur l’allocation des budgets.

Deuxièmement, si l’on en croit le discours officiel, la concrétisation du financement de la réforme barémique « IFIC » dans une CCT permettrait aujourd’hui d’envisager dans le secteur du non marchand fédéral (en gros, les hôpitaux privés) une revalorisation salariale globale de 6%. Le même processus est enclenché au sein du secteur public. Malheureusement, il semble de plus en plus probable que cette revalorisation salariale sera répartie de manière inégalitaire entre les différentes professions et métiers. Le système en lui même, basé sur les fonctions, elles mêmes délimitées par des tâches effectivement effectuées, pose énormément de questions. Par exemple: cette logique pourrait entraîner une infirmière qui a passé sa vie professionnelle au bloc opératoire et qui développerait une maladie liée à sa fonction, à se retrouver mutée à l’accueil de la salle d’opération pour des tâches administratives. Elle sera déclassée et perdra directement du salaire. Bref, ce point pose sérieusement question. Les accords liés à la mise en place de l’ « IFIC » nous semblent dès lors flous et sujets à caution. Nous reviendrons très prochainement sur cette réforme plus en détail.

Pour rappel, le financement à 100% de l’ « IFIC » a été obtenu à la sortie de la première vague, en juillet 2020, grâce à la pression exercée par le terrain alors que les négociations patinaient depuis 2017 ! 500 millions d’euro étaient alors promis par la ministre sortante Maggie De Block. Ministre qui avait effectué plus de 2,1 milliards d’économie lors de son mandat…

Enfin, troisièmement, l’application de cette revalorisation au niveau régional. Tout récemment, le Non Marchand bruxellois, après quelque mois de mobilisations, obtient une promesse du gouvernement Vervoot, celle d’une augmentation salariale globale de 6%. Félicitations aux travailleur·ses des maisons de repos et du non marchand bruxellois dans son ensemble pour cette mobilisation !

La lutte paye ! Petit à petit le pouvoir doit concéder du terrain face à la colère du secteur. Notre travail est essentiel, la société repose sur nous, l’humanité est dépendante des soins, nos métiers sont indispensables à tout bon fonctionnement en commun. Bref, nous avons en nos mains des métiers fondamentaux et le pouvoir de les faire respecter !

Les processus de marchandisation de notre secteur, via le sous-financement, le sous-effectif et la sous-traitance engendrent une déshumanisation des soins, une augmentation de la pression managériale et une souffrance grandissante au travail. Les quelques centaines de millions d’euros obtenus à travers la lutte ne remettent malheureusement pas en cause cette marchandisation. La dynamique perdure et nous le constatons au quotidien sur le terrain : économies de bouts de chandelle, pression productiviste du management, mal être, harcèlement, etc. Les hôpitaux et les maisons de repos se transforment en usine à actes techniques valorisables financièrement au lieu du soin…

Cette dynamique marchande peut aujourd’hui continuer son chemin car l’État a permis un sur-endettement artificiel des hôpitaux. En effet, au lieu de donner les moyens nécessaires aux structures de soins pour faire face à la diminution de l’activité traditionnelle pour absorber les cas Covid, les différents gouvernements ont fait « crédit » aux structures de soins. Des prêts ? Vraiment ? La santé de la population à crédit ? Ces crédits aggravent l’instabilité financière des institutions de soins augmentant la pression sur le personnel de santé et les usagèr·es. Aujourd’hui les institutions de soins vont devoir serrer la ceinture des dépenses et maximiser les entrées comme une vulgaire entreprise marchande pour rembourser leurs dettes. Nous connaissons la recette : le résultat sera une pression managériale accrue, une dégradation des conditions de travail, une diminution de la qualité des soins et des licenciements.

Au delà de la perspective marchande, le gouvernement persiste également dans sa volonté de discréditer nos métiers en prolongeant la loi sur la délégation des actes infirmiers. Brader nos métiers semble plus aisé que de renforcer l’attractivité des soins infirmiers en améliorant les conditions de travail afin de fixer les infirmièr·es en place et ré-attirer ceux et celles qui sont parti·es ou à temps partiel.

En résumé, la crise permet de renforcer les perspectives libérales de privatisation et de marchandisation du secteur de la santé via un endettement artificiel des structures de soins. Malgré les avancées précitées, le bilan est que la lutte doit s’intensifier si nous ne voulons pas voir nos conditions se dégrader. Aucune remise en question de ce système mortifère n’a été fait par nos autorités, seulement des pansements sur des jambes de bois. Pour une amélioration de la qualité des soins et pour plus de bien être au travail il semble primordial de combattre la volonté marchande et de renforcer les investissements publics dans le secteur !

L’hôpital n’est pas une entreprise, les patient·es ne sont pas des marchandises !

Pour un réel refinancement,
Pour un arrêt immédiat de la privatisation,
Pour un contrôle du secteur par les travailleur·euses et les usagèr·es
Pour plus d’effectifs, plus de salaire et plus d’humanité,
Rendez-vous dans la rue très prochainement !