Challenge austérité à Saint-Luc ?

Les Cliniques universitaires Saint-Luc lancent un « challenge infirmier » pour répondre à la pénurie et attirer les professionnel·les*. Un concours entre infirmièr·es pour tester les connaissances et, qui sait, susciter des vocations. Car là est l’enjeu, à l’heure actuelle, cet hôpital universitaire dispose de 127 postes à pourvoir au Département infirmier. Voici donc un concours pour recruter et palier à la pénurie d’infirmièr·es.

Pénurie d’infirmièr·es… Ça ne cesse d’être dit, répété. Ce n’est pas nouveau. Mais que fait le gouvernement pour y répondre ? Un refinancement massif et pérenne des services de santé ? La fin de la marchandisation des soins de santé ? « Ils sont souvent soumis à une double contrainte : être dans le soin, l’écoute, et la rentabilité, le rendement.

La pénurie est bien plus large en Belgique : en août dernier, l’Association belge des praticiens de l’art infirmier annonçait que la situation s’était aggravée avec pas moins de 5000 postes vacants. »* « Mais le problème n’est pas neuf. En janvier 2020, le Centre fédéral d’expertise en soins de santés, le KCE, plaidait pour l’engagement urgent de davantage d’effectifs. Son enquête révélait que les infirmiers qui travaillent dans les hôpitaux belges s’occupent en moyenne de 9,4 patients, alors que l’on admet généralement, à l’échelon international, que la sécurité du patient n’est plus assurée au-delà de huit patients par infirmier. »*

En réalité, ce sont même 10 000 postes qui manquent.

Le fonds Blouse blanche ne suffira pas ! Les raisons de la pénurie ? La crise sociale et sanitaire actuelle n’explique pas tout, voire elle n’explique rien, elle révèle plus fort encore ce que nous dénonçons depuis le début de notre collectif : Il y a le rythme de travail, la pénibilité des horaires en hôpital, la charge administrative, la sous-valorisation salariale, le sous effectif permanent.« On ne parvient pas à retenir dans les institutions le personnel très longtemps, à cause du sous-staffing, le personnel est plus vite épuisé. Cette pénurie était annoncée depuis 10 ans par les associations professionnelles. »* « Pour qu’elles puissent faire ce pour quoi elles sont formées. Il faut leur apporter du soutien en partie administratif, parce que de plus en plus, il faut documenter tout ce que nous faisons. C’est vécu comme une charge par les infirmières. C’est du personnel en plus, plus d’aides-soignantes pour s’occuper des soins de base du patient, et du personnel de soutien, ne fût-ce que informatique, parce que le métier s’est aujourd’hui fortement informatisé. Et quand vous avez un ordinateur qui ne fait pas ce que vous voulez, c’est très irritant. »*

« Le faux espoir des applaudissements ». On se gardera de devenir cyniques. Non, les applaudissements ne nourrissent pas ces travailleuses et leurs familles, ni ne garantissent des conditions de travail ou des soins dignes et humains.

On nous ferait presque croire que « c’est une denrée rare par nature ». Que le problème est juste que trop peu de personnes s’orientent vers ce métier. Les infirmièr·es ne « périment » pas, ne se désintègrent pas dans la nature, elles et ils sont des milliers à quitter le métier par épuisement.Cet épuisement est donc organisé ! Quand les Cliniques universitaire Saint Luc lancent leur « challenge infirmier » d’un côté, elles oublient de dire que de l’autre elles n’engagent pas plus d’aide soignant·es, d’aide administratif·ves, de personnel d’entretien, etc.

A croire que tout le monde fait exprès de ne pas comprendre : pour décharger le personnel soignant, il faut plus d’aide, de tout les métiers ! Il « suffirait » d’appliquer les recommandations de l’étude du KCE de janvier 2020 mais le gouvernement persiste dans l’austérité et impose aux hôpitaux des restrictions budgétaires.

En bref, faire des concours c’est bien, répondre aux problèmes systémiques des soins de santé c’est mieux !

Il faudra plus qu’un « challenge infirmier » pour répondre à la pénurie…

* Source.