COVID-19 : ÉTAT DE LA SITUATION AU 15 MARS 2020

Nous vous proposons ici de faire un état sur la situation grâce aux différents retours que nous avons pu avoir de la part du personnel qui affronte le coronavirus sur le terrain.

Premièrement, le sous-effectif. Accueillir une masse considérable de charge de travail supplémentaire à effectif égal, de plus est, dans un contexte de pénurie d’infirmièr·e est plus que problématique. La surcharge est évidente. Les urgences, assaillies par une population inquiète, ne savent plus où donner de la tête. Les soins intensifs se remplissent et les unités de confinements travaillent à plein régime.

Le plan d’urgence requiert plus de personnel c’est évident. A défaut de personnel infirmier il serait judicieux d’engager rapidement plus de personnel logistique, administratif et hôtelier pour venir en aide au personnel déjà sur le terrain. Notons que des années de précarisation de certains secteurs logistique et hôtelier, nous pensons à l’entretien ménager notamment, a eu raison de leur formation et qu’il est ainsi difficile de faire adopter en toute hâte les mesures de protections nécessaires à la gestion d’isolement.

Toujours à propos du plan d’urgence, on nous rapporte que certains hôpitaux privés maintiennent leur programme opératoire ! Incroyable, le maintien de l’activité (financière) n’a donc pas de limite. A savoir que l’intérêt de ne pas opérer les cas non-urgents est de garder des places libres aux soins intensifs pour accueillir les patient·e·s infecté·e·s. Quand on sait que les hôpitaux publics bruxellois sont surchargés, l’attitude de certains hôpitaux privés est tout simplement inadmissible.

Deuxièmement, le manque de matériel. La gestion managériale du « juste à temps » qui consiste à ne pas maintenir de stock « superflu » dans l’hôpital a pour conséquence qu’en moment de crise le matériel n’est pas disponible. De plus, le matériel est parfois de piètre qualité, résultat des désirs d’économie de nos dirigeants. En effet, on nous rapporte de nombreux cas d’unité à risque où le personnel ne dispose pas de masque en suffisance ou de bonne qualité. La mise en danger du personnel en général est donc évident. Un·e brancardier·e qui transporte un·e patient·e a risque avec un masque vieux de 9h est susceptible de s’infecter et de transmettre le virus. Un·e infirmièr·e aux urgences qui passent d’un bloc d’isolement à un autre avec le même masque risque de contaminer ses collègues. Un·e aide-soignant·e qui garde le même masque autour du cou toute la journée à de grande chance de propager le virus au lieu de le contenir…

Force est de constater que des années de logique austéritaire ont un impact sur la gestion de la crise du coronavirus.

Enfin, quelques conseils de précautions :

Bien sûr lavez vous les mains régulièrement, portez un masque si vous avez les symptômes du Covid19.

Mais également, évitez les lieux fort fréquentés, évitez de vous agglutiner dans les grands magasins, il y a une pénurie d’infirmièr·e pas de denrées alimentaires. Restez chez vous tant que possible.

Évitez votre lieu de travail s’il ne garantit pas les mesures adéquates de précaution (éviter les espaces fermés, les endroits fort fréquentés, distances de sécurité, matériel pour se laver correctement les mains, etc.). Organisez-vous entre travailleur·euse·s pour faire entendre vos préoccupations concernant votre santé et celle de votre entourage.

Nous répétons qu’il nous semble irraisonnable de maintenir au travail dans des conditions risquées pour leur santé une partie importante de la population sous prétexte d’intérêt économique. Les employeurs doivent garantir les revenus et permettre la mise en sécurité de la population.

Mais en plus, ne vous rendez pas aux urgences si vous pensez avoir le Covid19 mais que vous n’avez pas de fièvre ou de difficultés respiratoires. Vous risquez fortement d’engorger les hôpitaux et vous ne serez très probablement pas dépisté·e·s. Ceci est normal, c’est que vous n’êtes pas fortement atteint·e·s par le Covid19. Restez chez vous, évitez les contacts sociaux.

La santé en lutte.