Résidence Porte de Hal en lutte : «La peur est omniprésente»

Il y a deux mois, quelques travailleur·ses de la maison de repos « Résidence Porte de Hal » nous ont contacté pour témoigner de la situation dramatique sur leur lieu de travail avec l’envie de faire changer les choses.

A la suite de plusieurs tractages devant la maison de repos, nous avons pu élargir le groupe et nous avons récolté de nombreux nouveaux témoignages décrivant tous sans exception le climat de terreur imposé par la direction. Ces premières rencontres nous ont permis de créer des liens de solidarité et de commencer à nous organiser pour lutter.

La santé en lutte soutient de manière active la lutte des travailleur·ses de la Résidence Porte de Hal car une attaque contre l’un·e est une attaque contre tou·tes. C’est à travers l’organisation et la lutte que nous créerons le rapport de force nécessaire à la victoire !

Nous vous proposons de vous tenir au courant des avancées de la lutte, des différentes actions et des éventuelles victoires. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des informations à propos de la Résidence qui pourraient aider le combat.

Voici le premier témoignage, d’une longue série, qui décrit la situation dans la maison de repos.

TÉMOIGNAGE N°1 : « La peur est omniprésente »

“Je travaille depuis des années à la Résidence Porte de Hal. Depuis toujours cette résidence a eu la réputation d’être une des meilleures maison de repos de Bruxelles. Jusqu’il y a peu c’était un vrai plaisir d’y travailler.

La Résidence Porte de Hal, anciennement appelée « Hospice des aveugles » est une propriété de la Société Royale de Philanthropie. Une société qui a été fondée en 1828 sous l’impulsion de la noblesse et la bourgeoisie bruxelloise pour venir en aide aux plus pauvres. Il y a quelques années, le conseil d’administration de la Société Royale de Philanthropie, présidée aujourd’hui par Patrick Parmentier et présidée à l’époque par la Comtesse d’Aspremont Lynden, a nommé une nouvelle directrice à la Résidence.

Depuis l’arrivée de cette nouvelle directrice, l’ambiance a terriblement changé. La Résidence est devenue un lieu de torture et de harcèlement ! La peur est omniprésente, le personnel est littéralement paralysé.

Le management de la direction nous laisse sciemment sans procédure et sans balise, nous sommes évaluées selon son humeur. Il existe très peu de procédure et nous travaillons au tâtonnement, nous pallions les manques comme nous pouvons. D’ailleurs les effectifs n’ont fait que diminué depuis son arrivée, les départs, licenciements et démissions ne sont pas remplacés. Les personnes malades ne sont pas remplacées non plus. Ce qui fait que si nous sommes quatre à travailler le matin et qu’une personne est absente, celle-ci ne sera pas remplacée et nous devons faire le travail de quatre à trois. Si on compte en plus le sous effectif, la charge est souvent très lourde.

Quand nous demandons des renforts ou des explications, quand nous posons des questions ou interpellons la direction pour des problèmes, nous sommes quasi systématiquement injuriées, engueulées, voir licenciées. Les licenciement sont d’ailleurs très rapide. Pour un « oui » ou pour un « non » certaines de nos collègues ont été mises à la porte ! Pire, les déléguées syndicales sont harcelées quotidiennement et deux ont déjà été virées ou poussées à la démission. Le harcèlement est devenu une méthode de management pour la direction qui ne recule devant aucun scrupule. Elle s’immisce même dans nos vies privées afin d’exercer des pressions.

Nous n’avons donc jamais de réponse à nos questions. La direction nous maintien dans l’ignorance de tout. Nous n’avons pas de regard sur nos heures sup’, on nous change notre horaire quotidiennement sans notre accord, les changements opérés dans l’institution se font de jour au lendemain sans rien nous annoncer,… bref j’ai l’impression que l’objectif est de nous mettre dans un état de peur constant. Sans repère, sans balise, sans procédure, sans échelle d’évaluation, nous sommes à la merci de son bon vouloir.

Enfin, elle est incompétente, elle ne maitrise rien et ne passe jamais sur le terrain voir comment ça se passe. Elle délègue tout ce qu’elle doit faire pour éviter d’être tenue responsable et se contredit sans cesse.

Nous avons essayé plusieurs fois de communiquer, d’envoyer des emails, de saisir le CESI, d’écrire au conseil d’administration mais rien n’y fait. La situation reste inchangée, pire elle s’aggrave. Nous sommes toutes et tous en burn out, en dépression, avec des troubles du sommeil, des idées suicidaires ou autre. Nous venons travailler la boule au ventre, l’angoisse est omniprésent… Quand j’entends mon téléphone sonner j’ai des crises de panique…

En bref, ce management et cette directrice est responsable d’une augmentation inquiétante de la charge de travail, de l’ambiance nauséabonde, des conflits internes, de la diminution de la qualité des soins et du manque de personnel. Les familles des résidents ne sont pas dupes, la Résidence Porte de Hal n’est plus que l’ombre d’elle même. Nous n’avons plus les moyens de donner des soins correcte aux résidents… ce qui entraine un danger pour eux.

Par ce témoignage, j’aimerais alerter l’opinion public, les familles des résidents, le conseil d’administration et mes collègues. Nous devons changer de direction, elle est nocive pour le bien être et la vie du personnel et des résidents. Si on continue comme ça nous allons droit à la catastrophe : dépressions, suicides et morts !”

Signé : une aide-soignante