violences policières (2)

Préambule

Les charges injustifiées de la police contre notre rassemblement et les violences qu’ont subit plusieurs personnes ce dimanche sont une attaque contre l’ensemble de notre manifestation et contre notre droit à défendre nos revendications.

Il ne fait pas de doute qu’il y a depuis le début des négociations avec le bourgmestre Philippe Close, une volonté de faire taire la parole des soignant.e.s.

Le fait de charger notre rassemblement alors que nous terminons simplement nos discours est un acte politique clair d’intimidation. Ce qui s’en suit comme violences policières est le résultat de cette agressivité.

La police reçoit ses ordres du bourgmestre Close, qui est politiquement responsable de la violence faite aux soignant·e·s et leurs soutiens. Nous n’avons eu, jusqu’à aujourd’hui, aucune réaction de sa part.

Témoignage

« Voilà quatre ans que je ne m’étais plus rendu à une manifestions. Après avoir lu la « Lettre ouverte des médecins et des professionnels de la santé à toutes les autorités belges comme aux médias belges », je décide de me rendre à Monts des Arts pour « La Santé en Lutte ».

Avant même d’arriver à la manifestation, le déploiement policier avait déjà lieu rue Royale. A ces images, je me souviens qu’il y a quatre ans je me suis fait arrêter car je participais à une manifestation contre le Traité Transatlantique. Arrestation sans raison, parce que j’y étais tout simplement. Et je me dis que cette manifestation pour l’amélioration de la Santé allait me réconcilier avec mon droits de manifester, de pouvoir marcher, me mobiliser pour des causes et des valeurs qui me font écho.

Jusqu’à 15h15, tout s’est bien dérouler

Les gens manifestent avec des distances de sécurités et malgré les masques, se sont avec les rides aux coins des yeux que j’observe la joie des gens d’y être présent.
Lorsque tout à coup, un conflit policiers et manifestants éclate entre Place Albertine et rue Infante Isabelle. Je prends peur, je monte les escaliers à Mont des Arts et j’occupe une table du « Plein Publiek BXL » mimant d’y prendre un café et je me dis que ce que je fais là maintenant n’a aucun sens. Pourquoi suis-je en train de faire semblant ? Comment se fait-il que je tremble ?

A ce constat, je reprends ma marche qui n’aura été que de courte durée puisque moins d’une minute plus tard je me remets à courir lorsque je vois les policiers empêcher les gens des passer à la hauteur des Jardins de Kunsberg. Je flippe, je me répète « je ne veux pas me faire arrêter à nouveau » et je tente de m’écarte le plus possible de ce climat.

J’arrive rue de la Régence où je vois le commissaire Vandermissen interpellé deux hommes et les gazer à proche distance

L’un d’eux crie « au secours » et lorsque j’entends cela je m’arrête car pour moi au secours veut dire « danger, j’ai besoin d’aide ». Je ne peux rien faire, juste être spectateur avec un sentiment d’impuissance total. Les gens présent sur mon trottoir prennent panique et certains courent vers les Jardins des Sculptures. Le commissaire bloque l’entrée et gaze tout le monde en ricanant et disant « hop hop non non pas par-là ». Il me donne le sentiment que pour lui ceci n’est autre qu’un jeu.

Quelques secondes plus tard, je suis écrasé contre les barrières qui séparent les jardins de la rue

Les forces de l’ordre nous encercle et nous hurle dessus, nous demandant de reculer alors que nous sommes d’ores et déjà contre les barrières. Une jeune fille au t-shirt jaune se fait empoigner, étrangler et mobiliser par trois à quatre policiers pendant que d’autres continuent à nous hurler dessus et nous obligeant à ne pas regarder « Retournez-vous ! Retournez-vous j’ai dis ! ». Une jeune fille mineure est à côté de moi et elle pleure à chaude larmes due à la violence de l’atmosphère. Je me dis qu’elle doit croire que cela va être son sort à elle aussi.

La suite je la connaissais déjà

Même procédure qu’il y a quatre ans : attente sans savoir, colsonné, mis en cellule, attente sans savoir, fouille, prise d’identité, photographié et remis en cellule dans l’attente sans savoir.
Lors de la fouille de mon sac, le policier en charge regarde ma carte d’identité et constate que mon année de naissance est de 1989 et il me dit : « T’as vu ton âge », je réponds « Qu’y a-t-il avec mon âge ? », « T’es pas un peu trop vieux pour ces conneries ? », « Je me suis rendu à une manifestation pour l’amélioration du secteur de la santé, c’est des conneries ? » et il a eu le dernier mot auquel je n’ai voulu rien répondre « Bah, regarde où tu en es maintenant ». J’étais bluffé et j’ai commencé un rire nerveux. Pourquoi me dit-il ça ? Je n’avais pas besoin de tels commentaires rabaissant, gratuitement.

Je suis épuisé à la sortie de la Caserne Fédéral Géruzet d’Etterbeek et je me pose mille questions

Si le métier est de respecter la loi, maintenir l’ordre et assurer la sécurité publique est-ce normal de constater que je ressente de la peur en sa présence et de l’insécurité en sa présence ? Et à la question est ce que je me rendrais à nouveau à une manifestation ? Cela en aura peut-être dissuadé certains mais ça n’est pas mon cas. Et c’est pacifiquement que je serais à nouveau présent lors de prochains événements. »

Benoît Boreux

Si vous aussi vous avez été témoin de violences policières, n’hésitez pas à nous contacter via Facebook ou lasanteenlutte@gmail.com