Pour des mesures sanitaires solidaires

Hier une manifestation contre le couvre-feu et les mesures autoritaires a eu lieu à Liège. Cette manifestation dénonçait les mesures injustes dans la gestion sanitaire qui affectent prioritairement les personnes les plus fragilisées*.

Rappelant l’importance du respect des gestes sanitaires et du port du masque, les manifestant·es ont bravés le couvre-feu qu’ils et elles dénoncent comme étant une des mesures aggravant les inégalités sociales.

Vous n’étoufferez pas notre colère

Des membres de La santé en lutte y étaient en soutien. L’auto-défense sanitaire et la prise en main collective de l’enjeu de la santé est une nécessité, remettre en question les mesures qui excluent encore plus les plus démuni·es est ici un acte de soin.

Si la pandémie que nous traversons aujourd’hui est une réelle crise sanitaire, c’est parce qu’elle arrive sur un lieu propice, déjà dévasté, où les soins de santé ont été désinvestis et désorganisés.

C’est toute la valeur donnée aux soins à l’autre qui est problématique et pas seulement au niveau des soins institutionnalisés : nous vivons dans une société où la vie est organisée autour du travail et la quête de profit plutôt qu’autour du bien être et de l’humain.

En faveur du maintien au travail et en défaveur de la vie

C’est dans cette logique que les aspects privés de nos vies ont été cadenassés pour garder le plus intacts possible les aspects économiques. Ainsi, les décisions sanitaires ont été prises en faveur des grandes entreprises et en défaveur de l’humain. En faveur du maintien au travail et en défaveur de la vie. Le couvre-feu est un exemple de cette logique.

* »Les personnes piégé.e.s dans des foyers face à des agressions psychologiques, physiques et/ou sexuelles (principalement les femmes, les enfants et les personnes LGBTQIA+). La réduction des activités publiques et des lieux d’accueil depuis mars augmentait déjà la mise en danger face à leurs agresseurs, certaines en sont décédées. L’exposition à ces violences ne fait qu’accroître depuis, même si une exception légale peut permettre aux victimes de « sortir et braver le couvre-feu », faut-il encore oser/pouvoir s’échapper de l’espace privé, avoir un lieu ou atterrir/être reçu.e et affronter les dangers potentiels de l’espace publique ainsi vidé.

Les personnes sdf, sans abris, mal-logées, et/ou sans-papiers faisant déjà face à la fermeture de l’horeca et de nombreuses associations permettant des services sociaux formels et informels (à la possibilité de s’y poser et réchauffer en relative sécurité pour leurs affaires, à l’accès à leurs sanitaires et l’électricité, aux autres personnes avec qui sociabiliser, à de la nourriture, aux informations, aux activités collectives,…) et à l’interdiction de rassemblement, à la raréfaction de l’argent liquide, et à la réduction aggravée des places dans les abris de jour et de nuit. Aujourd’hui, elles sont contraintes à rester globalement en extérieur de jour, mais aussi toute la nuit, et sans s’y déplacer, ce qui les expose au froid et au risque d’hypothermie, aux agressions, à la répression, aux amendes abusives,…

[…]

Les travailleuses et travailleurs du sexe – dont la précarité déjà évidente explose à la suite de l’interdiction d’exercer légalement leur travail et à la volonté de taxation accrue des salons de prostitution – qui, aujourd’hui, ne peuvent même plus être dans la rue durant leur principale période d’activité. Ces personnes ne peuvent souvent pas bénéficier de chômage technique ou de compensations quelconques.

Les personnes travaillant dans l’horeca, les milieux festifs, la culture et le commerce nocturne qui ont vu leurs activités professionnelles (formelles et informelles) – et donc une grande partie de leur revenus – réduites à néant.

Toutes les personnes – souvent des femmes racisées – qui prenaient en charge du travail essentiel de soin – nettoyage, cuisine, garde d’enfant, soins à domiciles – de manière non déclarée et sans protection sociale, qui soit perdent leur emploi faute d’activité, soit ne peuvent justifier leurs trajets nocturnes pour se rendre ou quitter leur lieu de travail faute de contrat. » (Extrait du communiqué de presse de la manifestation.)